Les délégués ont pris acte de la décision des étudiants, mais conditionnent la poursuite du mouvement par la solidarité, la présence et la mobilisation de tous les étudiants. Ces derniers sont appelés à se présenter à l'école et ne pas profiter de la grève pour s'absenter. Le taux de présence est plafonné à 60%, sinon les délégués arrêteront la grève. “Oui à la poursuite du mouvement de grève.” Telle a été la réponse des milliers d'étudiants qui devaient trancher la question du maintien de cette action ou de la reprise des cours. Chacune des huit écoles, paralysées depuis près de deux mois, a fait circuler, hier matin, un document portant une seule question : êtes-vous pour ou contre la poursuite de la grève ? Chaque étudiant devait répondre en mentionnant ses coordonnées et en faisant des propositions d'éventuelles actions de protestation. Le verdict est tombé en fin d'après-midi : la majorité des étudiants étaient pour la poursuite du débrayage. Réunis samedi, le comité de coordination des huit écoles (polytechnique, Epau, informatique, statistiques, travaux publics, sciences de la mer, hydraulique, agronomie) a longuement débattu la question de la mobilisation et de la solidarité estudiantine. “La tutelle fait la sourde oreille à nos revendications pédagogiques. L'ultimatum de trois jours fixé par les étudiants est resté sans échos ; nous devons donc réagir et nous mobiliser pour frapper plus fort”, nous dit l'un des délégués. Cependant, pour frapper fort et revenir en force, il faut être bien organisé et surtout solidaire et nombreux. Pour cela, les membres du comité tentent ces derniers jours de mieux encadrer la protestation et d'éliminer tout clivage ou autre manipulation ou défection. “Nous avons reculé pour mieux sauter et revenir avec un nouveau souffle. Un souffle long grâce à la présence et la mobilisation de tous sur le site de la protestation”, explique le même délégué. En fait, les représentants des étudiants, qui se donnent à fond pour défendre les revendications estudiantines, ont remarqué qu'en dépit de leur soutien indéfectible à la cause de leurs camarades, beaucoup d'étudiants ont brillé par leur absence durant la grève. “Alors que nous avons besoin de tout notre effectif estudiantin”, justifie le délégué. Il est vrai que plus on est nombreux, mieux c'est. Les étudiants l'ont, d'ailleurs, vécu et prouvé lors de leur dernier rassemblement devant la tutelle qui a été marqué par des affrontements avec les forces antiémeutes qui n'ont rien pu faire (sauf céder le passage vers le siège de la tutelle) face à la volonté et la solidarité des étudiants. Les membres du comité tablent donc sur la présence quotidienne de leurs troupes. Après avoir tranché la question de la poursuite de la grève, les délégués des écoles ont insisté sur la solidarité des étudiants. Le taux d'absentéisme enregistré pendant le débrayage est tel que le souffle de l'action s'est quelque peu affaibli. Un appel est lancé pour que les grévistes soient présents au sein des écoles et répondent massivement à toute éventuelle action. C'est la condition sine qua non des délégués pour maintenir le mouvement. “Nous avons exigé un taux de présence de 60%. Si ce taux n'est pas respecté, aujourd'hui, nous arrêterons le débrayage”, menacent les délégués. Au chapitre des actions de contestation, les étudiants, qui comptent énormément sur la médiatisation de leur mouvement, prévoient un sit in, aujourd'hui, sur la place de la Liberté de la presse. Il est également prévu de déposer la plateforme de revendication au niveau de la Présidence et du Parlement.