Comme attendu, le parti du président tunisien déchu, le RDC (Rassemblement constitutionnel démocratique), a été officiellement dissous hier, après avoir été suspendu le 6 février dernier. Il ne sera, désormais, que le souvenir d'un mauvais rêve de tous les Tunisiens. C'est le tribunal de première instance de Tunis qui en a fait l'annonce, hier, devant une assistance nombreuse qui apprit la nouvelle avec une joie indescriptible. Après l'hymne national, des slogans ne se sont pas fait attendre comme “RCD dégage !” “Tunisie libre !” ou alors “ô martyrs, nous poursuivons la lutte”. Dans son jugement rendu public, le tribunal de première instance de Tunis a décidé “de dissoudre le Rassemblement constitutionnel démocratique et de liquider ses biens et ses fonds”, par le biais du ministère des Finances. Après la lecture du jugement, des youyous et des cris de joies ont été poussés par des centaines de personnes venues entendre la décision du tribunal. Des dizaines d'avocats et de jeunes tunisiens portant le drapeau national sur leurs épaules s'étaient regroupés devant le siège du tribunal qui s'impatientaient d'entendre la décision du tribunal. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait commencé à examiner la semaine dernière l'action intentée par le ministère de l'Intérieur. Juste après l'ouverture du procès, Me Faouzi ben Mrad a demandé “la dissolution pure et simple du parti RCD et la saisie de ses biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays, qu'il avait acquis en spoliant l'argent du peuple”. Il est toutefois à rappeler que depuis la fuite du président déchu le 14 janvier, les Tunisiens ont imposé une pression sans précédent lors de leurs manifestations pour réclamer la dissolution de ce parti symbole de l'Etat policier durant les 23 ans de régime de Ben Ali. Six jours exactement après la chute du régime benaliste, le 2e gouvernement transitoire de Mohammed El-Ghannouchi avait annoncé, le 20 janvier, que l'Etat allait prendre possession des “biens mobiliers et immobiliers” du RCD et procéder à la séparation de l'Etat et du RCD. Le majestueux siège du défunt parti RCD, érigé au cœur de la capitale, avait été l'une des premières cibles symboliques de la révolution qui devait emporter le régime et son chef. Quatre jours après avoir trouvé refuge au royaume wahhabite, l'ex-dictateur tunisien avait été radié à la tête du RCD, mais n'avait pas été remplacé. Il faut savoir que le PSD, puis Néo-Destour — qui deviendra par la suite le RCD — a été fondé à l'origine par feu Abdelaziz Thaâlbi, dans les années 20 du siècle dernier, figurant ainsi parmi les premiers partis politiques arabes à être constitués pour les luttes nationales. Rappelons enfin que lors de l'élection présidentielle de 2009, le “candidat Ben Ali” avait remporté 89,62% des suffrages. Membre de l'Internationale socialiste depuis 1989, le RCD en a été exclu le 17 janvier à la demande des socialistes français. Le parti dissous revendiquait plus de deux millions d'adhérents pour 10 millions d'habitants.