«RCD dégage !». C'est fini. Le parti de Ben Ali, symbole de 23 ans de règne sans partage, a été officiellement dissous, hier, par la justice. La révolution des « jasmins » est passée par-là. C'est, après la fuite du raïs déchu, et la démission, par la suite, de son ancien Premier ministre Mohamed El Ghannouchi, l'une des grandes réalisations de la «Thawra». Après avoir chassé le dictateur, les manifestants ont juré de régler les comptes à un appareil qui lui avait servi de tremplin pour se faire élire avec des suffrages irrationnels. Sinon pour étouffer et tuer dans l'œuf toute autre formation politique sérieuse. Déjà suspendu le 6 février de toute activité, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD)-qui revendiquait plus de deux millions d'adhérents sur une population de 10 millions-a fait l'objet d'une grande mobilisation populaire visant à le dissoudre. « Le tribunal de première instance de Tunis a décidé de dissoudre le Rassemblement constitutionnel démocratique et de liquider ses biens et ses fonds par le biais du ministère des Finances », précise le jugement. «C'est une tumeur cancéreuse qui a été extraite, mais il faut désormais faire des séances de chimiothérapie », lance dans le brouhaha un avocat, Ayachi Hammami. La dissolution du RCD s'inscrit en droite ligne de la détermination des Tunisiens à en finir avec tous ce que symbolise la dictature. L'«éviction» d'El Ghannouchi qui a pourtant survécu à un premier remaniement fin janvier en est une preuve parmi tant d'autres. Son successeur, Béji Caïd Essebsi, a, lui, formé lundi dernier une équipe-la troisième depuis la chute de Ben Ali-qui ne compte pas un seul ministre ayant servi sous ce dernier. Parallèlement, un autre pan essentiel du régime précédent est tombé cette semaine : la suppression, par le ministère de l'Intérieur, de la redoutable direction de la sûreté de l'Etat et « toute forme d'organisation s'apparentant à la police politique ». Cela intervient, alors que la nouvelle équipe gouvernementale œuvre pour la mise en place d'ici juillet d'une Assemblée constituante. Le premier parlement démocratique dans l'histoire de la Tunisie.