Même après son abrogation, le décret 10-315 continue à susciter des remous et à diviser les étudiants qui se sont échangés, hier devant la tutelle, des commentaires et propos provocateurs. Chacun défend son statut en accusant l'autre alors que ni l'un ni l'autre ne sont responsables des “réformettes” de la tutelle qui ont fait que deux parties fassent des revendications complètement contradictoires. La contestation estudiantine n'est décidément pas prête à s'estomper. À peine un front se calme qu'un autre foyer de tension se déclare. Hier, la protestation s'est élargie aux étudiants du système LMD. En effet, les étudiants du système classique et ceux du LMD se sont “affrontés” devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. À vrai dire, depuis quelques temps, le département de Harraoubia ne désempli point. C'est le point de chute de tous les grévistes de la communauté universitaire. Hier, après l'arrivée des parents d'élèves de l'école préparatoire sciences et techniques d'Alger, pour un rassemblement devant le ministère, des centaines d'étudiants et étudiantes, portant des banderoles et scandant des slogans hostiles aux responsables de la tutelle, se sont dirigés vers le portail principal du ministère pour y faire un sit-in. C'est sous le regard amusant des agents de sécurité que les étudiants accrochaient leurs banderoles sur le portail. On pouvait y lire : “Ministère sans décisions” “pas d'études avant un engagement officiel” , “Harraoubia out”, “ministère injuste”. Ces étudiants du système classique de plusieurs universités de la capitale dont ceux du département de langue arabe de l'université de Bouzaréah, gestion et commerce de Dély-Ibrahim ainsi que des étudiants de l'école d'hydraulique de Boumerdès, et ceux de la faculté d'architecture de l'université de Batna, revendiquent la valorisation de leur licence par rapport à celle du LMD et la satisfaction de toutes les revendications pédagogiques autres que l'abrogation du décret présidentiel de la discorde 10-315. Ceci au moment même où les étudiants du LMD qui se sont également rassemblés hier devant la tutelle, contestent l'abrogation du même décret et revendiquent l'alignement du magistère avec le master. Des revendications complètement contradictoires que chaque partie justifie à sa guise. C'est dire que même après son abrogation officielle, le décret 10- 315 continue de susciter des remous et diviser les étudiants qui se sont échangés, hier devant la tutelle, des commentaires et propos provocateurs. Chacun défend son statut en accusant l'autre alors que ni l'un ni l'autre n'est responsable des décisions prises à la hâte pour combler des lacunes. Pour les étudiants du LMD, l'annulation du décret 10-315 n'avait pas lieu d'être et “c'est une dévalorisation pour nous. Il ne faut pas classer les diplômes en fonction des années d'études seulement. Il est vrai que ceux du classique font une année de plus mais la masse et les conditions d'enseignements du LMD sont plus contraignantes”, estime la déléguée des sciences politiques. Et d'ajouter : “Eux, ils ont la chance de se rattraper par des synthèses alors que nous, on peut refaire l'année avec un 10 de moyenne quand on a pas réussi les principaux modules.” Pour la même déléguée, “la tutelle n'a qu'à dissocier les deux systèmes et trouver un meilleur moyen de gérer cette période de transition entre les deux systèmes”. De leur côté les délégués du classique trouvent “anormal et injuste d'être dévalorisés par rapport au LMD ”. Et de préciser : “ Nous méritons mieux que la catégorie 11 où nous avons été reclassés”. À signaler enfin que les manifestants, classique et LMD, ont demandé une audience aux responsables de la tutelle. Après près d'une heure d'attente, on leur demande de patienter car les responsables reçoivent les parents des écoles préparatoires. En attendant les conclusions des débats décriés, les étudiants s'entredéchirent devant la porte de la tutelle qui reste indifférente sans même daigner les rassurer.