Contrairement au président français, qui a reconnu l'opposition comme unique représentant du peuple libyen et veut une action rapide contre le régime de Kadhafi, l'Union africaine ne veut pas entendre parler d'une intervention militaire, tandis que la Ligue arabe examinera, aujourd'hui, “l'action à mener” pour remédier à la situation en Libye. En attendant la réunion du Conseil de sécurité du 15 mars prochain, au cours de laquelle une décision sera prise quant à l'instauration ou non d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen pour réduire le champ d'action de l'armée de Kadhafi, qui regagne du terrain par rapport à l'opposition, la communauté internationale est totalement divisée sur la question. En effet, contrairement à Nicolas Sarkozy, le président français, qui a carrément déclaré la guerre au colonel Kadhafi en reconnaissant son opposition comme seul représentant du peuple libyen et en appelant ses partenaires de l'UE des “frappes aériennes ciblées” en Libye, l'Union africaine s'est déclarée totalement opposée à une intervention militaire contre ce pays. “Le Conseil réaffirme son ferme engagement en faveur du respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Libye, ainsi que son rejet de toute forme d'intervention militaire étrangère” dans ce pays, a déclaré le commissaire à la paix et à la sécurité de l'organisation, Ramtane Lamamra. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, une institution qui réunit 15 pays membres de l'organisation, a “exprimé sa profonde inquiétude à propos de la situation en Libye, situation qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité dans le pays et dans la région en général”, selon la même source. Ceci étant, l'Union africaine “a décidé de mettre en place un comité ad hoc de haut niveau” composé de cinq chefs d'état ainsi que du président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a ajouté M. Lamamra. Ce comité devra “faciliter la cessation immédiate de toutes les hostilités en Libye”, a poursuivi M. Lamamra, ajoutant que l'UA “condamnait fermement l'usage disproportionné de la force dans le conflit libyen”. Aujourd'hui, ce sont les ministres arabes des Affaires étrangères qui examineront “l'action à mener” pour remédier à la situation en Libye. Convoquée à la demande des ministres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et certains pays arabes, la réunion urgente des ministres arabes des Affaires étrangères portera sur les développements de la situation en Libye et l'action arabe à mener à cet égard. La réunion examinera la question concernant la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye. En attendant, sur le terrain, Kadhafi se repositionne en reprenant à l'opposition des villes importantes, comme celle de Ras Lanouf. à en croire la télévision d'état libyenne, la ville pétrolière de Ras Lanouf, bastion rebelle le plus avancé dans l'Est, avait été “purgée” des insurgés et les forces pro-Kadhafi se dirigeaient vers Benghazi, fief de l'insurrection. De son côté, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a affirmé, lors d'une conférence de presse à Tripoli, que Ras Lanouf avait “été entièrement nettoyée, tout comme la raffinerie de pétrole et l'usine pétrochimique”. Au cours de cette contre-offensive pour reconquérir les villes de l'Est, les forces fidèles au régime ont forcé, à coups de raids aériens et d'attaques à la roquette, les insurgés à fuir cette ville pétrolière stratégique située à 650 km de la capitale Tripoli. Pas loin de Ras Lanouf, “à Ben Jawad, à 450 km à l'ouest de Benghazi, les forces armées ont réussi à nettoyer complètement la ville, des munitions et des armes ont été reprises”, a également indiqué le haut responsable libyen. En revanche, un témoin indiquera que les rebelles continuaient de contrôler Misrata, à 150 km à l'est de Tripoli, de même que plusieurs villes du nord-ouest, notamment dans la région du Jabal Al-Gharbi, une zone montagneuse, d'après des habitants.