Après une certaine accalmie, les propriétaires des armes saisies par l'état durant la décennie noire sont revenus à la charge. Hier, ils ont tenu un rassemblement dans les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou. À Tizi Ouzou, un rassemblement a été organisé devant le siège de la cité administrative, par la Coordination nationale pour la restitution des fusils de chasse (CNRFC). Les propriétaires des fusils de chasse, remis aux autorités depuis 1994, demandent leur restitution, maintenant que l'état d'urgence a été levé et que la situation sécuritaire s'est améliorée, selon le discours officiel. La revendication de cette catégorie sociale est d'autant plus légitime que les autorités ont déjà commencé à restituer les armes prises au début de l'insurrection islamiste. C'est le cas de la wilaya de Souk-Ahras où l'on a remis pas moins de 900 fusils à leur propriétaire. Plus de 2 000 fusils ont été déposés aux structures de sécurité dans la wilaya de Tizi Ouzou. Certains n'hésitent pas à parler carrément de “saisie”. La CNRFC exige, selon son représentant à la wilaya de Tizi Ouzou, “une restitution dans la transparence des biens des citoyens ou leur indemnisation équitable assortie d'une autorisation d'achat”. Huit wilayas sont concernées par la restitution des fusils de chasse. Même rassemblement à Bouira, où des dizaines de personnes venues des différentes régions de la wilaya se sont retrouvées, très tôt le matin, à l'entrée du siège de la wilaya. Les protestataires, pour la plupart des septuagénaires, ont exprimé leur ras-le-bol face au silence de l'état sur le sort de leurs fusils. Pour les délégués rencontrés au siège de la wilaya, ce silence radio des autorités est une fuite en avant. “Aujourd'hui, nous sommes venus exiger un calendrier de la part du premier responsable de la wilaya. On nous a fait courir depuis 2003. Nous avons organisé plusieurs marches au niveau de la wilaya. Puis nous avons été orientés vers les militaires. On a été reçus par le chef de la Région militaire de Blida qui nous a fait savoir que le dossier en question relève du ministère de l'intérieur. Nous nous sommes dirigés vers le ministère de l'intérieur où nous avons été reçus par le chef du cabinet qui nous a assuré que le cas sera tranché par une commission qui a été mise en place. Ladite commission a étudié le dossier et rendu ses conclusions qui sont restées dans les tiroirs du ministre. Nous avons été reçus par la présidence à qui nous avons remis nos doléances, mais en vain. Maintenant, nous demandons, soit la restitution de nos armes, soit l'indemnisation”, souligne Recham Brahim, membre de l'association nationale des propriétaires des fusils saisis. “Nous demandons la restitution de nos armes. Nous sommes pour que l'état engage des enquêtes d'habilitation pour la restituion des fusils”, ont déclaré unanimement les protestataires. Durant toute la matinée, les portes du siège de la wilaya sont restées bloquées par les manifestants. Ils ont promis de ne pas lâcher prise jusqu'à l'obtention de leur droits légitimes.