La Ligue arabe a donné son feu vert à la création d'une “zone d'exclusion aérienne” en Libye. L'Algérie s'est distinguée, avec la Syrie, en s'opposant à la décision non avec un certain embarras : en rappelant qu'une telle mesure “est du seul ressort du Conseil de sécurité et ne saura en aucune manière être prise en dehors de ce cadre, et conformément aux mécanismes et mesures de la Charte des Nations unies”. Medelci montre que le mieux aurait été que la réunion ne l'obligeât pas à se prononcer sur un tel projet. Après avoir invoqué le sempiternel argument de la non-ingérence, le ministre décrit la situation en Libye comme un état de guerre civile où “il y a une opposition armée entre une partie de la population et une autre” ! Et ce contexte où “l'usage des armes est devenu incontrôlable” crée un risque terroriste. C'est même à Kadhafi qu'il emprunte la thèse du risque terroriste : “Le guide libyen le dit lui-même, il y a une menace terroriste”, déclare Medelci. Et si Kadhafi l'a dit…. L'évolution de la situation ne serait donc pas le résultat du choix du régime pour une répression armée du soulèvement populaire ! Certes, l'insurrection s'est prise dans le piège de la “militarisation” tendu par Kadhafi, mais les morts, nombreux, étaient le fait des troupes du régime, dès les premiers jours de manifestation. De la menace qui pèse sur le peuple libyen, dont plusieurs milliers ont déjà perdu la vie, il n'en est pas question, chez Medelci. Faut-il donc laisser le régime libyen poursuivre sa contre-offensive, dans les termes qu'il a choisis, c'est-à-dire en pilonnant et en bombardant les villes et villages insurgés jusqu'à Benghazi et Tobrouk ? Au demeurant, et malgré la bénédiction de la Ligue arabe pour une “zone d'exclusion aérienne”, il est trop tard pour économiser des vies. Trop de temps perdu dans les gesticulations et les hésitations internationales. La question de la “zone d'exclusion aérienne” sera bientôt dépassée. La Libye entrera dans une nouvelle phase, avec un dictateur définitivement dépourvu de toute légitimité aux yeux de la communauté internationale et de beaucoup d'états arabes, sinon l'Algérie, la Syrie, le Soudan et le Yémen, si le président Saleh est encore en poste. Que l'on se place dans le contexte immédiat ou l'après-reconquête, c'est d'un peuple en danger qu'il s'agit. Si les forces loyales au “guide” parviennent à Benghazi, on risque d'assister à un petit Stalingrad. Pas besoin d'être stratège pour prévoir que Kadhafi aura besoin d'entretenir le désordre pour détourner l'intérêt international de sa personne. Medelci a avoué, un jour, n'avoir pas été “assez intelligent” au ministère des Finances, il risque de récidiver aux Affaires étrangères quand on s'apercevra, peut-être, un jour que l'Algérie a oublié le peuple libyen quand elle considérait la crise du pays voisin. C'est vrai que nous n'avons pas un régime à comprendre une révolution pour la démocratie. Et qui craint par-dessus tout la pédagogie de la révolte populaire. Il a déjà donné des gages sanglants sur son penchant pour la répression des mouvements de protestation. C'est donc par cohérence doctrinale qu'entre sauver Kadhafi ou un maximum de Libyens, il a choisi de tenter de sauver Kadhafi. M. H. [email protected]