Dans la wilaya de Annaba, qui cumule de manière exacerbée les handicaps sociaux, s'accumulent les records sinistres de désocialisation, des sans-logis, du chômage, de l'insécurité, de la drogue, de la violence et autres maux sociaux. Ainsi, ils étaient plusieurs centaines de jeunes, hier matin, à investir le siège de l'APC de Annaba. Exerçant dans le cadre du dispositif d'aptitude d'insertion professionnelle (DAIP), ces jeunes ont manifesté leur colère car, selon eux, ils n'ont pas reçu leur salaire depuis décembre 2008. Ils ont cassé les vitres, défoncé les portes des bureaux de l'APC et même blessé sérieusement un agent de sécurité après avoir été excités par les propos du comptable de l'APC qui leur a signifié une fin de non-recevoir. Situation similaire dans la commune de Aïn Berda, à 30 km du chef-lieu de wilaya où plusieurs centaines d'autres jeunes ont procédé au blocage de la RN21. Après avoir dressé des barrages composés de pneus brûlés et d'objets hétéroclites, ils ont ordonné aux automobilistes et conducteurs d'autobus de rebrousser chemin sous peine de voir leur bien incendié. Des mouvements de révolte qui ont contraint Abdelkader Bensalah, président du Sénat, d'annuler plusieurs destinations de proximité dans les communes de Annaba dans le cadre de sa campagne de sensibilisation des citoyens à participer au scrutin du 9 avril. « Ce n'est pas nous qui allons voter le 9 avril. Les autorités locales n'en ont cure de notre situation. Avec déjà un maigre salaire, sans couverture sociale et qui plus est, un retard de 4 mois, qui dit mieux », ont tenu à dire plusieurs d'entre-eux. Cependant, l'intervention des forces de l'ordre et des élus de la commune de Annaba comme ceux de Aïn El Berda, accompagnés par les représentants de la direction de l'emploi de la wilaya et de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM), a calmé quelque peu les esprits surchauffés des jeunes manifestants qui se sont dispersés après avoir eu la promesse que la totalité de leur salaire sera versée aujourd'hui. A vrai dire, le problème des jeunes inscrits au DAIP incombe à la direction de l'emploi et à l'ANEM. Bailleurs de fonds, ils fuient constamment leurs responsabilités. « Nous avons tenu une réunion il y a 4 jours en présence du wali et des représentants de la direction de l'emploi et de l'ANEM. Le responsable de cette dernière a promis le versement des salaires au plus tard pour samedi dernier. Il n'a pas tenu sa promesse. C'est nous qui avons payé les conséquences, dont un agent de sécurité qui s'en est sorti avec une fracture et six points de suture », expliquera le Dr Bensaïd, président de l'APC de Annaba. Rappelons que plusieurs manifestations de même envergure avaient concerné d'autres communes. Depuis le lancement de ce dispositif, nombreux sont les jeunes bénéficiaires sur les 1400 que compte la wilaya qui n'ont pas encore perçu leur salaire depuis plusieurs mois. Une autre négligence à inscrire sur la liste déjà longue de la mauvaise prise en charge du dossier de l'emploi dans la wilaya de Annaba. Ce qui consolidera davantage l'impression négative du ministre du Travail, Tayeb Louh, sur ses représentants. Ainsi, à la direction de l'emploi tout autant qu'à l'ANEM, l'on ne semble pas prêt à répondre à l'attente des milliers de jeunes, anciens et nouveaux diplômés de l'université ou des instituts de formation professionnelle, à la recherche d'un contrat. Tout candidat au bénéfice de cette clé de sésame doit préalablement montrer patte blanche pour espérer réaliser son rêve d'accéder pour la première fois au monde du travail. Constamment absents, les directeurs de ces institutions donnent l'impression d'avoir d'autres chats à fouetter que d'assumer pleinement leurs responsabilités.