En attendant le verdict qui ne sera rendu que le 28 mars prochain, le procureur du tribunal d'Azazga a requis, dans la soirée d'avant-hier, de lourdes peines dans l'affaire de corruption dont se sont rendus coupables, durant l'année 2004, deux cadres de la police, à savoir Zayane Messaoud qui était alors responsable de la police judiciaire à la sûreté d'Alger, Oussadit Yacine, un autre officier du même service, leurs deux complices, Zemouri Djamel et Slimani Nadir, ainsi que Achour Abderrahmane, cet entrepreneur déjà condamné à 18 ans de prison dans l'affaire qui était à l'origine de cette corruption, à savoir celle des 3 200 milliards de centimes détournés de la BNA. Le représentant du parquet a requis une peine de 20 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million de dinars et du remboursement de toutes les sommes reçues illégalement à l'encontre des deux principaux accusés Zayane Messaoud et Oussadit Yacine, et 10 ans de prison ferme assortie de 1 million de dinars d'amende à l'encontre du reste des accusés. Après, c'est au tour des avocats de la défense d'entamer leurs plaidoiries, qui se sont poursuivies jusqu'à 1 heure du matin, tentant de convaincre de l'innocence de leurs clients “il n'y a aucune preuve tangible de corruption”. Certains avocats n'ont pas hésité à crier à la remise en cause, à travers un tel réquisitoire, des principes même de l'impartialité et de l'indépendance de la justice. Avant de prononcer son réquisitoire, le procureur de la République, tout comme l'avocat de la partie civile, qui n'est autre que la DGSN, a surtout mis en avant le rapprochement entre la date de la tentative d'étouffement de l'enquête sur l'affaire des 3 200 milliards détournés par Achour Abderrahmane et celles durant lesquelles Zayane Messaoud et Oussadit Yacine, les deux cadres de la police, dont les services étaient en charge de ladite enquête, avaient obtenu d'importants cadeaux et privilèges de la part de leur ami Achour Abderrahmane qui a fini par s'enfuir au Maroc avant qu'il ne soit extradé le 25 janvier 2006 et condamné à 18 ans de prison ferme. À la barre, Achour Abderrahmane a reconnu qu'il avait acheté la voiture, une 406, de Zayane Messaoud dans le cadre d'un achat groupé mais que ce chef de police l'a remboursé. Il affirme aussi avoir récupéré en euros la somme qu'il a fournie pour l'achat de l'appartement d'Oussadit Yacine. Il s'en défend dans l'affaire de l'achat d'un restaurant 4 étoiles par Oussadit. Quant aux autres cadeaux, Achour dit en offrir à tout le monde y compris à des magistrats et des hauts cadres de l'Etat. Appelé à la barre, Zayane Messaoud nie connaître Achour Abderrahmane. “J'ai été victime d'un complot, je suis le seul policier à faire l'objet d'une enquête sur la base d'une lettre anonyme”. Zayane s'emporte parfois. Le juge le rappelle à l'ordre. “Tu es ici comme accusé et non pas en tant que divisionnaire de la police”, lui lance-t-il sèchement. Appelé tour à tour à la barre, les complices : Zemmouri Djamel et Slimani Nadir, tout comme les témoins cités, tentent de disculper Zayane en apportant des versions et des témoignages prouvant que les biens acquis par Zayane ne sont pas offerts par Achour Abderrahmane, mais sans, toutefois, convaincre le parquet.