Les conditions d'enseignement à l'EPSTA n'existent ni à l'USTHB, ni à l'école polytechnique. Quant aux enseignants, ils ont été choisis parmi les meilleurs de l'université de Bab-Ezzouar. Deux mois après le lancement de la grève des étudiants de l'école préparatoire sciences et techniques, les enseignants viennent de réagir pour donner leur version des faits par rapport au mouvement de protestation de leurs élèves. Question : pourquoi maintenant après un long silence ? “Nous ne voulions pas polémiquer. Mais il y a des limites à tout. Aujourd'hui, il faut rétablir la vérité”, se contente de répondre une enseignante. Cela dit, nous avons été conviés, dimanche dernier, à une rencontre avec une vingtaine d'enseignants et enseignantes au sein de l'école domiciliée au lycée émir-Abdelkader. D'emblée, le corps enseignant nous reproche de n'avoir donné que la version des étudiants. Pourtant, plusieurs fois, nous avons sollicité l'administration pour un complément d'information mais à chaque demande l'appariteur avait une seule et unique réponse : “les responsables ne sont pas là car les élèves sont en grève”. Et comme par hasard, ce n'est que deux mois plus tard que l'école nous ouvre ses portes pour que les enseignants puissent plaider leur cause et défendre leurs compétences et leur dévouement pour enseigner “bénévolement” au sein de L'EPSTA. Prenant la parole tour à tour, nos interlocuteurs tiennent, d'emblée, à dénoncer les propos de leurs élèves “Nous ne sommes pas des vacataires incompétents comme ils l'ont dit à la presse. Nous avons au minimum 20 à 30 années d'expérience dans l'enseignement à l'USTHB et les jeunes enseignants, qui ont quelques années d'expérience, c'est nous qui les avons formés”, souligne l'un des intervenants. Et une jeune enseignante d'ajouter : “Vacataire n'est pas synonyme d'inexpérience. Nous avons, au minimum, 5 ans d'expérience”. Selon les enseignants “il n'est pas possible de faire démarrer des écoles préparatoires avec de nouveaux enseignants, comme il n'est pas possible d'avoir tous les meilleurs enseignants à plein temps car ils exercent ailleurs. La solution réside, donc, dans les vacations ou ce qui est désigné par des tâches accessoires”. Cependant, insistent encore les intervenants “nous avons dans cette école les meilleurs enseignants de l'USTHB, dont des docteurs. Et ce n'est pas pour de l'argent que nous sommes là mais pour apporter notre expérience faute de professeurs agrégés”. Pour ce qui est du manque d'enseignants en mathématiques : “le problème est mondial et ne concerne pas l'Algérie uniquement”. Abordant les conditions d'enseignement et les moyens pédagogiques que les élèves ont jugé insuffisants sinon inexistants, les différents interlocuteurs sont catégoriques : “les conditions existent mieux qu'au niveau des autres écoles préparatoires. Les conditions sont meilleures que celles de l'USTHB et de l'école polytechnique. De quoi avons nous besoin pour enseigner ? d'une salle ? les salles sont disponibles comme vous le voyez, du moment que notre rencontre a eu lieu dans une salle de classe qui ne manque de rien”. D'ailleurs, pour appuyer leurs dires, les enseignants ont insisté pour que nous constations de visu les conditions de l'enseignement dispensé aux élèves. Nous avons fait le tour des salles de classe et de cinq laboratoires, d'une petite bibliothèque contenant près d'une trentaine de livres neufs qui apparemment n'ont pas encore été ouverts. Les labos de chimie, physique, langues, mécanique et électricité sont équipés de matériels flambant neufs, “c'est un matériel sophistiqué qui n'existe pas dans les autres universités”, témoigne un enseignant. La salle d'informatique est également équipée d'ordinateurs neufs. “Vous remarquez que toutes les conditions sont réunies et que, même si le lycée est en chantier, il n'y a aucun danger et les élèves ne se croisent même pas avec les lycéens” soutient une enseignante. Les enseignants de polytechnique pointés du doigt Une année après, le corps enseignant de l'EPSTA semble toujours marqué par son départ de l'école nationale polytechnique. Il n'est pas prêt ni d'oublier ni de pardonner aux enseignants qui “ont tout fait pour nous chasser de L'ENP : squatter nos salles, couper l'eau, l'électricité… à l'époque, ils n'ont pas pensé à l'avenir des élèves de l'école et ils ont même refusé de leur enseigner et aujourd'hui, comme par hasard, ils les réclament ?”, fulminent les intervenants. Et d'ajouter : “nous sommes venus ici en catastrophe. C'était un défi pour nous, que de sauver l'école et les 200 élèves inscrits. Nous l'avons fait par devoir. Et si ce n'était cette perturbation et ce transfert catastrophique, l'école se porterait mieux aujourd'hui”. Le niveau des élèves remis en cause Pour les enseignants, opter pour une école préparatoire requiert des efforts énormes en vue de mériter sa place dans un établissement qui forme la future élite du pays. “Etant jeunes, nos élèves croient être déjà l'élite et oublient que ce statut nécessite énormément d'efforts et de sacrifices”, notent les enseignants. Et d'ajouter que “ceux qui ne sont pas fait pour des écoles préparatoires n'ont qu'à aller aux universités”. Car il s'agit de rehausser le niveau et non le contraire. Il faut préciser, à ce propos, que l'an dernier, sur plus d'une centaine d'élèves, 52 seulement ont pu accéder à la deuxième année. “Au départ, 19 seulement ont pu avoir la moyenne, mais nous avons été obligés d'en racheter certains”. Les élèves surpris ! Les élèves n'en revenaient pas quand ils ont su que nous avons visité cinq laboratoires. “Nous n'avons même pas connaissance de leur existence. Nous pensions qu'il n'y en avait qu'un seul”. Pour les élèves “ce que nous avons vu, répond tout simplement à la question de savoir pourquoi avoir réagi deux mois après ? Ils ont attendu de finir quelques travaux et équiper les laboratoires”. Chacun y va donc de sa propre version.