Paradoxalement, et malgré toutes les entraves objectives mises à sa croissance par les décisions des pouvoirs publics, taxe sur les véhicules neufs, suppression du crédit à la consommation, au lieu de baisser, la demande semble rebondir de plus belle dès fin 2009. M.Baïri, qui préside aux destinées de l'AC2A, explique ce phénomène de manière pragmatique en affirmant que “le véhicule particulier est devenu une nécessité pour les usagers algériens qui doivent rallier leur lieu de travail et de résidence, parfois chaque jour”, en l'absence de moyens de transport en commun fiables. “En l'absence du crédit à la consommation, les gens ont recouru au système D, en empruntant chez des amis ou la famille”, explique M. Baïri. Même topo en 2010, où le secteur a continué à croître par rapport à l'année écoulée. Pourtant, en 2010 a été mise en application une réglementation exigeant le certificat d'origine de la PR destinée au SAV. Même lorsqu'elle est estampillée en provenance de la maison mère ! Ce qui provoque des retards incroyables et de la grogne entre le concessionnaire qui n'en peut mais, et le client fort de son bon droit qui attend une réparation de droit, notée noir sur blanc sur son contrat de garantie et de SAV. Les délais de livraison s'étalent entre un mois et 45 jours, la plupart du temps, mais peuvent atteindre 7 mois, rarement, lorsqu'il s'agit de véhicules dotés d'équipements spéciaux. Dans le cas où le délai serait jugé excessif par le client, le président de l'AC2A intervient auprès du concessionnaire, membre de l'association pour tenter d'activer les choses. Mais ce n'est pas toujours évident, avec toutes les tracasseries bureaucratiques, véritable parcours du combattant à franchir pour sortir la marchandise des ports algériens d'accueil. Il n'en demeure pas moins que “85 à 95% des clients de l'AC2A se disent satisfaits”, selon M. Baïri. Concernant l'assemblage en Algérie, ou encore la construction d'une usine de fabrication de voitures, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Pourtant, “il n'y a pas que Volkswagen et Renault qui possèdent des dossiers pour des projets d'usines de montage de véhicules en Algérie, avec l'importation de pièces en CKD/SKD. Tous les concessionnaires, membres de l'AC2A, en possèdent ! La balle est dans le camp des pouvoirs publics qui devraient, avant toute décision, prendre l'avis des concessionnaires partie prenante et premiers concernés ! Après tout, le marché automobile algérien est 2e en Afrique, après celui d'Afrique du Sud !”, énonce M. Baïri. L'Egypte dispose d'un marché de 120 000 véhicules neufs par an, le tiers de celui d'Algérie, qui compte sur 300 à 350 000 nouvelles immatriculations par an. Or l'Egypte compte 25 assembleurs, alors qu'il n'en existe pas un seul en Algérie. Naturellement, il est plus intéressant, pour un constructeur, d'écouler des produits en l'état, importés directement d'usine. Mais ce n'est pas si simple. La situation des circuits de l'importation, les dédales administratifs et douaniers, en Algérie, rebuteraient les plus endurants sinon les plus téméraires. “Le véhicule importé monté revient moins cher au concessionnaire, que s'il l'importe en CKD/SKD. Il y a tout le circuit bureaucratique et douanier à franchir, les tracasseries et les délais, la manutention à payer, les surestaries toujours possibles, auxquelles il faudra faire face. Pourtant, les équipementiers suivront les constructeurs là où ils s'installeront, de même que fleuriront les activités de sous-traitance qui viendraient renforcer le réseau existant déjà en Algérie, si on décidait réellement à lancer le secteur du montage automobile. Et pour cela, il est essentiel d'associer l'AC2A dans toutes les discussions avant la prise de décision, car, à ce jour, les décisions ont été prises de manière unilatérale par les pouvoirs publics”, note M. Baïri. Reste l'aspect cahier des charges, à mettre en conformité avec les standards en cours dans les pays de l'OCDE, dans tous les domaines : mécanique, sécurité d'utilisation et de conduite, environnement. Les standards algériens sont encore loin du compte.