Près d'une cinquantaine de non-voyants ont réussi, hier, à organiser la marche à laquelle a appelé la coordination autonome. Rassemblés dès 9 heures du matin à la place de la Grande-Poste, les non-voyants venus de plusieurs wilayas du pays dont des femmes ont, en effet, décidé après concertation sur place de ne pas se contenter d'un sit-in comme l'avaient proposé quelques manifestants mais de lancer la marche vers le Parlement. “C'est décidé, nous allons marcher vers le Parlement pour déposer une lettre ouverte au président de la République”, nous dit maître Ifour délégué non-voyant. Pourquoi l'APN ? “C'est la première étape de notre combat qui vise entre autres l'application des dispositions de la loi 09-02 qui sont en notre faveur et l'abrogation ou l'amendement de celles qui ne nous arrangent pas en tant que handicapés tels les articles 5, 6, 7 et 8.” à 10 heures, les non-voyants décident d'entamer la marche. Les nombreux policiers dépêchés sur les lieux ne s'y opposent point. Ils leur demandent de s'organiser de façon à ne pas bloquer la circulation tout en suivant les “marcheurs” qui scandaient “Respect et non de la pitié verbale” ; “Insertion totale dans la société” tout au long de leur marche vers le Parlement. L'action s'est déroulée sous un timide dispositif sécuritaire. Une fois à l'entrée de l'APN, les chargés de la sécurité demandent aux délégués des manifestants de constituer une délégation qui sera reçue au Parlement. “Les autres vont vous attendre dans le jardin en face”, leur dit-on. Ce que les manifestants ont refusé catégoriquement en soulignant : “Nous sommes là pour faire entendre notre voix pas pour nous cacher dans un jardin où personne ne nous voit.” Le délégué tente de convaincre ses compagnons mais en vain. Ils insistent pour attendre à l'entrée de l'institution et surtout pour être reçus par le président de l'APN lui-même ou l'un de ses vice-présidents. “Pas de députés”, lancent-ils au policier qui les informait que les vice-présidents étaient en réunion et que cela va prendre du temps. Les non-voyants persistent et n'en font qu'à leur tête en menaçant de bloquer la circulation. Midi tapant, des députés sortent du Parlement. Après un regard furtif du côté des manifestants, ils prennent la poudre d'escampette en traversant vers l'autre côté de la rue. Quelques moments plus tard, les quatre délégués choisis par les contestataires sont invités au Parlement. Ils ont été reçus par le vice-président et président du groupe parlementaire du FLN à qui ils ont remis la lettre d'interpellation de Bouteflika sur leur situation. M. Dadoua Layachi s'est engagé auprès des délégués à décrocher un rendez-vous avec le ministre de la Solidarité nationale. Ce qui semble n'avoir pas été facile puisque à peine dix minutes après leur sortie, le parlementaire les a contactés pour leur demander de se déplacer lundi à la tutelle pour une réunion avec le SG. Les délégués ont refusé en exigeant une entrevue avec le ministre avant de demander un délai pour consulter le reste des manifestants. à signaler que des non-voyants campent depuis quelques jours devant la tutelle.