La rue algéroise est-elle définitivement interdite aux militants d'un changement pacifique mais radical du système qui règne en Algérie ? Pour la septième fois depuis un mois et demi, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a été empêchée par la police d'organiser, hier, à Alger, une marche. Un grand nombre de policiers se sont encore une fois mobilisés pour ce faire. Avant même le début de la marche qui devait s'ébranler de la place du 1er-Mai vers la place des Martyrs, les “habitués des lieux” sont tous là : des responsables et députés du RCD (Arezki Aïder, Mohcine Bellabes, Tahar Besbas, Boubkeur Derguini, Achour Imazatene…), ainsi que Meziane Sadi (fils de Saïd Sadi), des militants du PLD menés par son porte-parole Aouicha Bekhti, Yacine Teguia (MDS), Mme Fadhila Chitour-Boumendjel, Omar Abed, représentant des clients victimes de la faillite de la banque El Khalifa, Azwaw Hadj Hamou, d'Avo 88, etc. Arrivés ensemble vers 10h45, Mes Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Laddh, et Fetta Sadat du RCD, un drapeau enroulé autour du cou, auxquels s'est joint Omar Abed sont vite cantonnés dans un coin de la place du 1er-Mai par un groupe de policiers qui les a séparés des autres militants. On ne laisse personne s'approcher d'eux. “Nous ne sommes pas des terroristes. Nous demandons juste nos droits”, crie M. Abed aux policiers. “Tu as vu comment ils ont encerclé Ali Yahia Abdenour ?” demande Mme Chitour à Yacine Teguia, qui rétorque sur un ton de plaisanterie : “Les droits de l'Homme sont encerclés, assiégés même.” Juste à côté, un groupe de partisans s'est formé en entonnant des slogans du genre : “Le peuple veut la chute du système”, “Algérie libre et démocratique”, etc. Des pancartes frappées de slogans hostiles au régime et des drapeaux sont arborés. Les policiers interviennent énergiquement en repoussant les militants de la CNCD à l'intérieur d'un espace barricadé. Certains jeunes dont une étudiante ont été bousculés et même interpellés par la police avant que le député Tahar Besbas n'intervienne pour les libérer. À une journaliste qui l'interpelle sur l'absence de Saïd Sadi, ce dernier explique : “C'est la marche de la CNCD et non pas du RCD. Quand notre parti a appelé à une marche, notre président a assumé ses responsabilités. Beaucoup de nos cadres et de nos militants sont ici.” Aux alentours de 12h, le rassemblement a pris fin et le patriarche du combat pour les droits de l'Homme en Algérie, Ali Yahia Abdenour, quitte les lieux sous un tonnerre d'applaudissements.