Tout en précisant que cette plate-forme est “ouverte au débat”, la CNCD a lancé un appel à toutes les forces politiques et sociales pour “s'inscrire dans la perspective d'édification d'une République démocratique et sociale”. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) vient de franchir un pas qualitatif dans son combat pour “le changement du système en dehors du système” en proposant “une plate-forme pour le changement démocratique” qui se veut une alternative au statu quo actuel dans lequel s'englue le pays. L'initiative est rendue publique hier lors d'une conférence de presse au siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à Alger par les principaux animateurs de la CNCD. “Désormais le statu quo est impossible à tenir (…) Les évolutions nationale, régionale et internationale rendent illusoires toute initiative visant à dérouter la lame de fond qui secoue le pays du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. L'Histoire est en marche et l'Algérie ne peut faire exception. Le changement de système politique est impératif”, explique-t-on dans le document. Pas moins de 7 propositions phares sont mises sur la table dont la tenue d'une conférence nationale qui procédera à la mise en place d'un Conseil national de transition démocratique (CNTD) ayant pour mission l'exécution d'une feuille de route bien précise (dissolution de toutes les institutions élues, nomination d'un gouvernement de transition, rédaction d'une nouvelle Constitution, élections de nouvelles institutions, etc.). Tout en précisant que cette plate-forme est “ouverte au débat”, la CNCD a lancé un appel à toutes les forces politiques et sociales pour “s'inscrire dans la perspective d'édification d'une République démocratique et sociale”. Cette initiative est donc ouverte à toutes les parties adhérant aux principes de l'Etat de droit que sont “le respect des libertés individuelles et collectives ; la promotion d'une société civile active ; la séparation et l'équilibre des pouvoirs ; la séparation du politique et du religieux ; l'égalité homme-femme ; la reconnaissance et la promotion de l'algérianité par l'affirmation du caractère national et officiel des langues arabe et tamazight ; la justice sociale ; une répartition équitable du revenu et des richesses nationales et l'alternance démocratique au pouvoir”. “C'est un document qui va faire date et constitue un tournant politique dans la vie de la nation”, s'est réjoui Rabah Boucetta du RCD. “Nous militons pour une transition démocratique. C'est cette transition, qui décidera de tout, et non pas des forces occultes, des personnalités occultes, l'armée ou le DRS”, souligne Moulay Chentouf du Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD). Et d'ajouter : “On ne veut pas d'accommodements mais d'une rupture totale avec le système en place et l'émergence de nouvelles forces politiques. Une refondation totale de la classe politique est une nécessité. Nous voulons un véritable changement, un nouveau départ.” Une question que ne manqueront pas de se poser certains : l'initiative est-elle ouverte aux islamistes ? “Tous ceux qui partagent les principes énoncés dans la plate-forme sont les bienvenus”, explique M. Chentouf. “Aucune fermeture et aucune volonté de mise au pas d'une quelconque institution. Au contraire, ouverture, ouverture”, s'écrie Mme Chitour Boumendjel. La vieille revendication de mise au placard du sigle FLN est reprise par la CNCD. “Le FLN a été utile par le passé en regroupant l'ensemble des forces politiques pour un objectif commun : la libération du pays. L'indépendance acquise, il se devait de rester comme le symbole de la libération du pays”, explique Madjid Aït Mohamed du Congrès mondial amazigh (CMA). “Le FLN est le patrimoine de tous les Algériens qu'il faut préserver”, précise Tahar Besbas du RCD. Mais si pour le moment, la CNCD ne veut pas revenir sur le principe d'organiser une marche à Alger, elle compte initier d'autres actions. “À partir du mois d'avril, d'autres actions seront lancées. On organisera des meetings mais les marches sont une nécessité car c'est un droit. Il faut qu'ils arrivent à accepter ça”, assure M. Chentouf. Et Tahar Besbas d'ajouter : “Cette plate-forme nécessite explication et un redéploiement sur le terrain. Il faut aller vers la société. Nous ne lésinerons sur aucun moyen pacifique pour faire aboutir notre combat qui prendra plusieurs formes.”