Résumé : Deux jours passent avant que Nacéra ne reprenne connaissance. Mais elle délirait, et prenait Rachid pour Mahmoud. Elle semble revivre une époque lointaine. Un pan du passé ressurgissait dans son esprit. La guerre et Mahmoud hantaient encore son âme. 112eme partie Rachid, qui se tenait toujours à son chevet, comprit que la jeune femme délirait. Des souvenirs du passé ressurgissaient des profondeurs de sa mémoire. Elle continua de sa petite voix : - Si tu savais à quel point je t'ai aimé, Mahmoud ! Elle s'empare de la main de Rachid et se met à la caresser puis à l'embrasser : - Je t'ai beaucoup aimé, et je t'aimerais toujours… Mais je sais que ce n'est pas ton cas. Tu n'es revenu que pour me torturer encore plus. Toi tu aimes Fettouma. Tu me l'as tant répété, que j'ai fini par en ressentir de la jalousie, mais qu'aurais-je pu faire ? Elle était ta femme légitime, et moi, juste un brin de paille. Peut-être une bonne compagne dans le brasier de cette guerre… Elle referma les yeux un moment et les rouvrit. Son souffle devenait de plus en plus saccadé et sa voix avait un timbre rauque : - J'ai rencontré Fettouma. Elle est toujours belle. Et puis j'ai connu aussi les petits, ils sont adorables tu sais… Une quinte de toux l'empêche de continuer, et un filet de sang s'échappe de sa bouche. Nadjette s'empresse de l'aider à surmonter cette ultime crise. Nacéra suffoquait. Rachid ne retenait plus ses larmes. Quelques assistants et médecins de service accoururent, mais il était évident pour tous que c'était la fin. Nacéra aspirait à grands flots l'oxygène qu'on tentait d'introduire dans ses poumons. Mais au bout de quelques minutes, elle rejette le masque et tente de se relever. En vain. Ses forces l'avaient complètement quittée. Nadjette la rallonge et lui essuie le visage avec une serviette mouillée. Nacéra la dévisage curieusement : - Qui es-tu ? - Je suis Nadjette. Me reconnais-tu Nacéra ? La jeune femme la dévisage encore puis lance de sa voix rauque et entrecoupée : - Tu veux me prendre Mahmoud ? Je ne te le permettrais pas. Moi je l'aime… Je l'aime… Je... l'aime… Elle avait refermé les yeux, et détourné mollement la tête sur son oreiller. Sa respiration devint imperceptible. Rachid lui prend le pouls et constate que le cœur avait cessé de battre. Il se met à sangloter sans retenue, et on dut le faire sortir de la chambre. Nadjette s'occupera ensuite de tout le reste. Au petit matin, on récupéra le corps de Nadjette pour le déposer une dernière fois chez elle dans la grande maison de Fettouma. Tout le quartier était présent. Les gens qui l'avaient connue ne purent retenir leurs larmes et les autres ne cessèrent de faire ses éloges. Des compagnons d'armes vinrent pour un dernier hommage, et parlèrent longuement de son courage devant les assauts de l'ennemi, et de son dévouement dans sa tâche. Nacéra était et restait pour tout le monde une femme exemplaire. Une foule nombreuse l'accompagna à sa dernière demeure. Elle sera enterrée comme elle l'avait toujours souhaité, auprès de ses parents. On revint à la maison, avec ce sentiment de vide qui suit chaque départ vers l'au-delà. On pria pour le repos de l'âme de la défunte, mais on eut du mal à consoler Fettouma, et toute sa famille. Nacéra avait laissé de profondes empreintes dans le cœur de chacun. (À suivre) Y. H.