Résumé : Afin de tenter d'identifier le corps de son père, Rachid pose certaines questions à Fettouma, mais cet indice est-il assez révélateur pour reconnaître le corps de Mahmoud ? Il remercie Nacéra pour son geste, et cette dernière lui parle encore de son père. 91eme partie Nacéra rétorque d'une voix émue : - Ton père était un grand frère pour moi, nous avions combattu ensemble et vécu des moments inoubliables. La peur, la faim, la tristesse, ou la joie des victoires. Nous avons partagé des croûtons de pain et des bouts de figues sèches, et lorsque les circonstances le permettaient, Mahmoud n'hésitait pas à parler de sa famille. Je vous ai tous connu avant de vous voir, alors que vous étiez encore des bambins en culotte courte. Fettouma se rappellera toujours ce maudit jour où Nacéra encore toute jeune et sans handicap, était venue lui annoncer la mort de Mahmoud. Oui, cela remonte à presque deux décennies, mais elle avait l'impression que l'événement datait de la veille. Elle revoyait encore la scène, et ressentait ce “coup de poignard” qu'elle avait reçu en plein cœur, lorsqu'elle avait compris qu'elle n'allait plus revoir son mari. C'était à cette époque aussi, que Lla Kheïra était morte, terrassée par le chagrin. - Je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne nuit. Nous pourrions toujours reprendre cette conversation dans les jours à venir. Nacéra l'avait tirée de ses méditations, et Fettouma se lève pour la raccompagner. Rachid les précéda dans la cour, avant de les quitter, et les deux femmes se retrouvèrent seules un moment dans la pénombre de la véranda. Fettouma avait le regard lumineux de celle qui venait de retrouver son amant, après une longue absence. Nacéra lui serra le bras : - Nous ramènerons les restes de ton mari Fettouma, et tu auras tout le loisir d'aller prier sur sa tombe autant de fois qu'il te plaira. Fettouma hoche la tête : - Cela me paraît encore invraisemblable après toutes ces années….. - Oui, mais ma chérie, tout vient à point à qui sait attendre. Elle sourit et poursuit : - Tu sembles toute de même heureuse Fettouma. - Mais je le suis. Je sais que ce n'est pas Mahmoud que je retrouverai, mais c'est tout comme. Je pourrais lui parler, m'adresser à lui, lui livrer mes petits secrets de famille. Ah Nacéra, si tu savais, le chagrin que j'ai éprouvé lorsqu'il m'avait annoncé qu'il nous quittait pour monter au maquis. Ce n'est pas parce que je ne voulais pas qu'il soit auprès de ses frères pour combattre l'ennemi, mais j'avais compris à ce même instant, que je ne le reverrais plus jamais. J'avais ce curieux pressentiment que Mahmoud allait entamer un voyage sans retour. - Et pourtant… - Et pourtant, comme tu le dis, il est revenu, un soir, à un moment où personne ne l'attendait. J'avais alors repris espoir, mais c'était compter sans ce destin tragique qui s'est abattu ensuite sur nous. - Tu n'es pas la seule Fettouma…. Nous sommes toutes un peu ces “veuves” de la guerre. Toi au moins tu as tes enfants, et même le privilège d'être grand-mère aujourd'hui… Par contre moi... (À suivre) Y. H.