Résumé : Après le départ de Rachid, Fettouma et Nacéra se retrouvèrent seules et discutèrent un moment sous la pénombre de la véranda. Fettouma pleurait son mari et Nacéra la réconforta, en lui disant qu'au moins pour elle, il y avait toujours les enfants. 92eme partie Elle refoule ses larmes et tente de sourire. Mais Fettouma la prend dans ses bras. - Nous sommes ta famille Nacéra, ne l'oublie pas… Mes enfants sont aussi un peu les tiens. Elles restèrent entrelacées ainsi un moment, avant de se décider chacune de son côté à se permettre quelques heures de repos. Une semaine passe. Nacéra qui s'occupait de toutes les formalités requises pour activer le transfert des corps de ses compagnons d'armes, annonça un soir à Fettouma que l'opération sera bientôt entreprise et qu'un groupe constitué d'anciens moudjahidine et de quelques responsables locaux se déplacera dans les prochains jours à Fort-National pour déterrer les trois corps et tenter de les reconnaître. Beaucoup de chouhada ont déjà été retrouvés et reconnus, et on n'attendait plus que le moment propice pour transférer leurs corps et les enterrer dignement. - On aura besoin d'un médecin légiste qui pourra faire certains prélèvements afin de nous aider à identifier chacun d'eux. - Rachid pourra aussi vous accompagner. - Bien entendu, il avait eu une ingénieuse idée en pensant à la denture. Si leurs dents sont encore à leur place, ce sera un jeu d'enfants pour nous pour les reconnaître. Mais c'est toujours la nature qui aura le dernier mot. - Inchallah. Oh, je n'arrive pas encore à croire qu'on a retrouvé Mahmoud. Oh, Nacéra, c'est, c'est si incroyable que je ne dors plus la nuit. Nacéra lui serre le bras : - Je te comprends fort bien, Fettouma, mais il faut se faire maintenant à cette idée, et comprendre une fois pour toutes que ton mari reposera désormais parmi les plus grands héros de la Révolution. Une consolation pour toi et les enfants. Je savais que vous aviez tous perdu l'espoir de retrouver ses restes un jour. Fettouma hoche la tête en silence. Elle sentit sa gorge se serrer et son cœur palpiter. Ah ! si ses parents et ses beaux-parents étaient encore de ce monde ! Elle pousse un long soupir et s'adosse à la porte de la grande chambre devant laquelle elle se tenait avec Nacéra. Des souvenirs remontaient du passé. Un passé lointain, et pourtant si présent, si frais dans son esprit. Le soir même elle en parla à Rachid, qui contacta à son tour son jeune frère Nacer. Par miracle, ce dernier se trouvait non loin du Nord, et put rentrer dès le lendemain. - Je n'aimerais pas rater ça pour tout l'or du monde, lance-t-il dès qu'il eut déposé son sac de voyage dans la cour de la maison. Il embrasse sa mère et son frère, et cherche des yeux Nacéra : - Notre amie n'est pas là ? Fettouma sourit : - Tu veux parler de Nacéra ? Bien sûr qu'elle est là, elle vient de recevoir Naïma sa nièce, elles sont en train de bavarder ensemble dans son salon. Nacer hoche la tête : - Je vais tout de même la saluer. On lui doit tous une fière chandelle. Il donne un petit coup à la porte du salon, et Nacéra soulève aussitôt le rideau en brocart qui en masquait l'entrée. -Tiens, un revenant, lui lance-t-elle en le serrant dans ses bras. (À suivre) Y. H.