Des experts en économie ainsi que le patronat ont vivement critiqué, hier, l'accord d'association avec l'Union européenne (UE), à l'occasion d'une journée parlementaire organisée à ce sujet à l'Assemblée nationale. Devant un important parterre constitué de députés ainsi que d'invités, à l'image du patron d'Air Algérie, les intervenants se sont succédé pour mettre à nu les défaillances et insuffisances de cet accord d'association. Rédha Hamiani, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), a estimé d'entrée que les autorités algériennes “ont fait de grandes et graves erreurs”. La raison en est qu'“il n'y a pas eu de discussion ni de concertation autour de la conclusion de l'accord d'association”. “Cet accord, dit-il, a été négocié par le ministère des Affaires étrangères sans se soucier d'engager une quelconque concertation.” Mais la chose la plus grave, aux yeux de M. Hamiani, “c'est qu'avant d'aller négocier avec l'UE, les autorités algériennes ont décidé, pour plaire à Bruxelles, de ramener la protection douanière au taux le plus faible de la Méditerranée, c'est-à-dire à 30%”. Certaines clauses de l'accord d'association, selon M.Hamiani, “nous ont fait perdre des secteurs, comme le secteur du textile et le secteur plastique dans un silence coupable des autorités”. Et à Hamiani de s'interroger sur un ton grave : “Pourquoi nos autorités n'ont pas dit stop ?” L'intervenant annoncera que cet accord “nous a occasionné des manques à gagner de l'ordre de deux milliards et demi de dollars”. Critiquant le côté européen, le patron du FCE notera qu'“on nous a présenté cet accord, en trompe-l'œil, en désarmant notre marche et en nous miroitant les IDE. De même qu'ils nous ont promis une mise à niveau de nos entreprises avec une aide de 60 millions d'euros, alors que l'enveloppe allouée dans ce cadre à un pays comme le Portugal est de l'ordre de 7,2 milliards d'euros et la Tunisie 2,5 milliards d'euros”. “De plus, dit-il, il n'y a eu que 440 entreprises algériennes qui ont été mises à niveau contre 420 mille existantes.” Intervenant, de son côté, Serai M'barek, expert international en économie, lancera à l'assistance sur un ton grave : “Au départ, l'accord d'association avec l'UE nous a été présenté comme étant un succès politique face à l'isolement de l'Algérie. Par la suite, il s'est avéré que c'était un piège. On est désarmé face à ces Européens qui ont abusé de leur position de force.” Selon l'expert, “nous sommes perdants à 80% dans cet accord d'association”. D'où la nécessité, dit-il, “de remettre sur la table l'intégralité du document”. “Nous sommes prêts, dit-il, à négocier avec l'UE, pas seulement sur le volet commercial, mais également pour la formation et le transfert technologique.” De son côté, Mustapha Mekidèche, vice-président du Conseil économique et social (Cnes), fera observer d'entrée que “nos relations avec l'UE ont été difficiles”. Se faisant plus précis, il notera qu'“au lieu que l'UE nous aide à l'industrialisation, elle s'y est opposée”. Citant dans ce cadre les dispositions contraignantes pour notre pays, l'intervenant fera observer qu'“il y a dans le cadre de cet accord une remise en cause unilatérale des clauses de contrats à long terme du gaz naturel, remise en cause du double prix du gaz”. Et de poursuivre en notant qu'il“y a actuellement une pression pour une désindexation du prix du gaz sur celui du pétrole”. “C'est inacceptable”, lance-t-il. L'autre grief retenu contre l'UE aux yeux de Mekidèche est qu'elle “est en train de nous bloquer dans notre adhésion à l'OMC”. Aussi et tout en reconnaissant que “l'Algérie a démantelé rapidement ses barrières douanières”, l'orateur s'interrogera sur les raisons qui font que “la libre circulation des personnes a été supprimée de l'accord”. Ce faisant, les intervenants ont recommandé, à l'issue de leur intervention, au gouvernement d'établir des consultations et de se concerter avec l'ensemble des parties concernées avant d'aller en négociation. NADIA MELLAL