Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi se rendra lundi en Tunisie pour voir avec le nouveau gouvernement de Tunis comment stopper l'afflux de migrants venant de ce pays sur l'île de Lampedusa, a annoncé jeudi le gouvernement. L'Italie, confrontée à l'arrivée depuis le début de l'année de 20 000 immigrés pour l'essentiel tunisiens, a également fait une nouvelle fois appel à la solidarité européenne demandant aux autres pays d'accueillir des migrants. Le Cavaliere a eu “une conversation téléphonique aujourd'hui avec le Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, et les deux chefs de gouvernement se sont entendus pour que le président (du Conseil) Berlusconi vienne en visite en Tunisie lundi 4 avril”, a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Jeudi soir, M. Berlusconi s'est enfermé avec ses ministres de l'Intérieur, de la Défense et des Questions régionales pour discuter de l'immigration et de comment répartir les 6 000 migrants en cours d'évacuation de Lampedusa vers d'autres zones du pays. Dans la matinée, le chef du gouvernement italien s'était plaint, dans un appel téléphonique à un congrès d'un petit parti allié, d'un manque de collaboration de la Tunisie. Il a souligné que deux de ses ministres étaient allés à Tunis vendredi dernier en promettant une aide de 80 millions d'euros pour lutter contre l'immigration clandestine et une ligne de crédit de 120 millions pour aider le pays à se développer. “En échange, il était prévu que le gouvernement tunisien bloque les départs de bateaux et accepte le rapatriement de ses citoyens”, mais “ceci ne s'est pas produit”, a-t-il dénoncé. Pour sa part, le chef de la diplomatie Franco Frattini s'est plaint d'une “absence de solidarité éclatante” de l'Europe, estimant que les migrants devraient être “répartis entre plusieurs pays européens”. L'Italie accuse régulièrement l'UE de l'avoir abandonnée dans sa lutte contre l'immigration clandestine. Selon M. Frattini, les autorités tunisiennes ont bloqué 1 200 personnes au cours des dernières 48 heures. Toutefois, 500 migrants ont débarqué mercredi à Lampedusa. Comme M. Berlusconi, le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a déploré l'attitude de la Tunisie, estimant qu'elle ne lutte pas suffisamment “contre les flux illégaux” et “n'accepte pas le rapatriement des Tunisiens identifiés”. Selon M. Maroni, sur les 22 000 migrants arrivés depuis le début de l'année en Italie, 2 000 sont des réfugiés africains, pour l'essentiel des Somaliens et Erythréens. Contrairement aux Tunisiens destinés à être “identifiés et rapatriés”, les réfugiés “peuvent rester en Italie et il faut prévoir un parcours d'intégration”, a-t-il précisé. Jeudi, les premières évacuations hors de Lampedusa ont débuté. Plus de 2 500 personnes sont parties vers des régions du Sud, l'immense majorité allant dans les Pouilles, région dirigée par l'opposition de gauche. R. I./Agences