Il n'est jamais sain qu'un homme ayant présidé aux destinées d'un pays s'y maintienne par la triche, l'esbroufe et la force. Une justice mise aux ordres, une administration mise au service d'un clan et un département ministériel, portefeuille de souveraineté, transformé en quartier général de séditieux d'où se trame un mouvement de dissidence, voilà le spectacle qu'offrent à voir nos gouvernants à leurs citoyens et au monde entier. On voudrait illustrer la déliquescence des institutions algériennes qu'on ne s'y prendrait pas autrement. On voudrait désespérer les Algériens de la chose politique qu'on ne s'y prendrait pas autrement. On voudrait décourager les partenaires étrangers qu'on ne s'y prendrait pas autrement. L'obstination du Président à briguer un second mandat passerait-elle par un asservissement des institutions républicaines, par l'avilissement des hommes censés servir ces institutions et par l'hypothèque de l'image du pays ? S'il est légitime pour un homme de vouloir se maintenir au pouvoir même lorsqu'aucun bilan sérieux ne plaide pour lui, il est regrettable, voire condamnable, quand bien même le mot est fort, que son appétit du pouvoir soit nourri par des actes qui bafouent les lois et des attitudes qui font fi des moindres règles d'éthique et de morale politique. Il n'est jamais sain qu'un homme ayant présidé aux destinées d'un pays s'y maintienne par la triche, l'esbroufe et la force. Comme il n'est jamais bon qu'il quitte le pouvoir en y laissant une image déplorable. S'il ne réussit pas à briguer un second mandat, il est au moins attendu de Bouteflika de laisser son fauteuil propre. Au rythme où vont les choses, on craint qu'il ne soit déjà trop tard. F. A.