Serait-ce enfin le bout du tunnel au Soudan ? Le président Omar El-Bechir est ferme : la paix régnera au Soudan avant la fin de l'année. Faut-il y croire, après tant de rendez-vous manqués entre le pouvoir et le sud de ce plus vaste pays de l'Afrique ? El-Bechir, qui a redoré le blason du Soudan en se débarrassant de l'islamiste Tourabi, est convaincu de parvenir à un accord définitif avec la guérilla sudiste. Selon lui, 90% des questions ont été réglées, et ce qui reste en suspens le sera au terme d'un nouveau round de négociations prévu ce lundi. Le problème est que sur la table des négociations demeurent des questions fondamentales. Celles-là même qui sont à l'origine des 20 ans de guerre civile. Il reste, en effet, à régler “le partage du pouvoir”, “la répartition des ressources” et “le statut des trois régions contestées” (le Nil bleu, les monts Nouba et l'Abye). C'est pourquoi, l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) du colonel John Garang se garde, elle, de crier victoire. Pour caricaturer, le conflit, qui remonte à 1983, oppose les rebelles du sud à majorité chrétienne et animiste au pouvoir du Nord, arabo-musulman. Les multiples tentatives de médiation de l'OUA se sont brisées, ainsi que de diverses autres parties occidentales, devant l'intransigeance des généraux de Khartoum qui, dans l'espoir d'écraser la rébellion chrétienne et animiste, n'ont pas hésité à faire boire au Soudan la potion islamiste. Dans les années 1990, Khartoum était devenue La Mecque de l'islamisme et Ben Laden y a même expérimenté ce qui deviendra, plus tard, Al-Qaïda en Afghanistan puis dans ces fameuses régions tribales du Pakistan. Le Soudan, que la Ligue arabe avait pensé transformer en “grenier du monde arabe”, après les conséquences des chocs pétroliers des années 1970, a été décrété infréquentable tant par les pays arabes qui lui reprochaient son activisme islamiste que par les Occidentaux qui soutenaient John Garang, ne serait-ce que pour ses revendications identitaires, et des voisins du Sud, contraints, malgré leurs propres difficultés, d'accueillir quatre millions de réfugiés. La guerre civile a fait plus d'un million et demi de morts et, pour nourrir ses populations, ce pays, aux potentialités agricoles incommensurables, recourt à l'assistance internationale. Le président El-Bechir, général à la retraite, est obligé, pour sa part, de réussir la paix car sa marge de manœuvre s'est considérablement rétrécie. Le pays est exsangue et pour desserrer l'étau, il doit l'ouvrir aux occidentaux, les pays arabes ne pouvant rien pour lui. Il a annoncé la paix prochaine à Doha, le centre opérationnel des forces américaines au Proche-Orient. On a toujours dit que le territoire de John Garang repose sur des gisements de pétrole.... D. B.