Le pays enregistre entre 3 000 et 5 000 intoxications alimentaires par an, si l'on se réfère aux données du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Les mois de juillet et d'août connaissent un bond particulier en la matière, à cause notamment de la rupture de la chaîne de froid et le stockage inapproprié des produits alimentaires. On le savait déjà, les pâtisseries d'abord, les viandes rouge et blanche ensuite, et en troisième lieu les produits laitiers conservés dans de mauvaises conditions, rendent malades beaucoup de personnes provoquant jusqu'à des hospitalisations et des décès. La plupart des commerçants, par souci d'économie d'électricité, éteignent leur frigo la nuit, certains n'en possèdent même pas. La vente sur les trottoirs et l'exposition au soleil de certains produits comme les boissons et les œufs sont légion. Ce qui est, en revanche, plus ahurissant, est de découvrir que plus de 50% des cas d'intoxications alimentaires surviennent dans les universités et les établissements scolaires, pourtant censés subir des contrôles sanitaires très stricts. L'explication est des plus simples. Les personnes chargées de l'approvisionnement des cantines n'hésitent pas à acheter certains produits alimentaires périssables tels que les œufs, le lait et les yaourts proposés sur les trottoirs et vendus dans certains commerces où les règles d'hygiène et du froid ne sont pas respectées. Pour la seule ville de Constantine, 900 cas d'intoxications alimentaires ont été enregistrés à l'université entre février et juin 2009. en outre, l'association algérienne de promotion et de protection des consommateurs a révélé, récemment, que la merguez industrielle comprend 13 additifs dont certains d'entre eux sont non autorisés dans des dérivés de viandes parce que cancérigènes. En tout, une trentaine d'associations de protection du consommateur activent sur le terrain. 17 d'entre elles ont reçu une subvention au titre de l'exercice 2010-2011, apprend-on auprès du ministère du Commerce. Certaines de ces associations ont des locaux au sein même des Directions de commerce à travers le territoire national. Leur rôle est d'informer, mais aussi recevoir les plaintes des citoyens et de les assister dans leurs démarches de dénonciation ou lorsqu'il y a plainte auprès de la justice. Dans un souci de rapidité et pour ne pas encombrer les laboratoires d'analyses, depuis une année, les agents de contrôle sont équipés d'une “valisette” pour analyser les prélèvements sur place. En 2010, 34 000 analyses, notamment sur l'huile de friture, ont été effectuées. Seulement, ces contrôles inopinés n'arrivent pas à venir à bout des pratiques scandaleuses des propriétaires de fast-food et autres commerçants de tous genres. Il existe, en effet, 1,2 million de commerçants en activité au niveau national et, en face, seulement 19 laboratoires de contrôle de produits alimentaires, soit un contrôleur pour 300 commerçants. À noter qu'une caravane de prévention et d'information sur les intoxications alimentaires sera organisée à la mi-juin par le ministère du Commerce en collaboration avec les associations qui activent dans le domaine. Nissa H.