La présidentielle de 2012 semble de plus en plus un horizon pour Sarkozy, entendu qu'un horizon est une ligne qui s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en rapproche. Dernière tuile : le départ de l'UMP de Jean-Louis Borloo, suivi de celui de Rama Yade. L'annonce de celui que le président français avait souhaité placer à la tête de son dernier gouvernement est plus qu'une pierre dans sa maison. Son annonce divise un peu plus la majorité du locataire de l'Elysée provoquant des réactions certes contrastées mais pointant du doigt la politique de Sarkozy. Même si Borloo a peu de chances pour coiffer au poteau Sarkozy, il reste une des figures de proue de la future confédération centriste en construction aux côtés d'Hervé Morin (Nouveau centre), Jean-Marie Bockel (Gauche moderne) et Jean Arthuis (Alliance centriste). C'est autant de voix qui n'iront pas dans l'escarcelle de Sarkozy. En claquant la porte, l'ancien ministre de l'Ecologie a suscité l'enthousiasme chez les centristes, même si quelques voix se sont élevées pour s'interroger sur sa stratégie. Et puis, Rama Yade l'a suivi. L'ex-secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme a invité tous ceux qui sont en quête d'un chemin d'espérance à quitter le parti présidentiel. Très populaire auprès des Français, fervente militante des droits de l'Homme, Rama Yade est appréciée pour son franc-parler, ses prises de position détonnaient lorsqu'elle était ministre. Jeune, belle et noire, elle a représenté, avec Rachida Dati et Fadela Amara, la diversité sur la scène politique dessinée par Sarkozy en 2007 mais qu'il a totalement effacée en automne dernier pour enfourcher le baudet lepéniste. L'ex-secrétaire d'Etat aux banlieues va probablement rejoindre Borloo qu'elle décrit comme un candidat social et humaniste. Tout l'opposé de Sarkozy. Le départ de Borloo a approfondi les divisions au sein de l'UMP où le soldat Copé peine à tenir les troupes, comme il a été missionné par Sarkozy. La grogne s'est élargie, elle ne concerne plus les gaullistes et chiraquiens. Les élus en contact avec leur électorat ont senti passer la stratégie d'aspiration et de ratissage des voix du Front national, prônée par le président de la République, son ministre de l'Intérieur et le patron par procuration de l'UMP. La chasse aux voix ultra droitières a eu lors des élections cantonales des effets inverses à ceux promis par Sarkozy. Les sondages sont très inquiétants pour l'UMP : Sarkozy est donné perdant dans tous les cas, encore plus si d'autres personnalités du centre-droit et de la droite traditionnelle, Bayrou, de Villepin et Morin, mettaient leurs menaces de se présenter en 2012 à exécution. Il est de moins en moins certain que Sarkozy passerait le premier tour face au candidat du PS sorti des primaires et à la représentante du FN. Les sondeurs sont quasi convaincus du risque d'un second tour Gauche/FN. Malgré ces sombres prévisions, Sarkozy n'en continue pas moins d'avancer dans sa stratégie lepéniste que la majorité des Français ne partage pas du tout. Son ministre de l'Intérieur poursuit inlassablement son offensive anti-immigrée et islamophobe, menaçant de jeter hors Méditerranée des immigrés légaux. Selon son cabinet noir, le copier-coller du programme de Le Pen, finira bien par provoquer un consensus d'union républicaine autour du candidat Sarkozy au premier tour de la présidentielle de 2012. Mais et les Français n'arrêtent pas de le lui faire savoir : son bilan présidentiel ne plaide en rien pour une victoire. Ses théories sécuritaires visant en particulier les jeunes des banlieues d'origine étrangère, ses débats sur la nationalité française puis la laïcité, ciblant les Français musulmans, ont fait long feu. Même le CAC 40 qui l'avait couvé le lâche. Laurence Parisot, la présidente du Medef, l'a mis en garde contre les dangers “d'un pays qui se ferme”, en réponse à son nouvel objectif de réduire l'immigration légale. “Rester un pays ouvert est une nécessité. Nous sommes pour l'immigration en général car elle est source de richesses et d'ouverture”, a affirmé la patronne du patronat lors de la réunion à Paris des patrons des pays du G8. À droite, les grandes manœuvres commencent. D. Bouatta