Après le président Bouteflika, il y a une semaine, à Tamanrasset, ce sont deux ministres et non des moindres de l'Exécutif qui ont posé leurs valises, hier lundi, à l'extrême-sud du pays : Daho Ould Kablia, ministre de l'intérieur et des collectivités locales, et Abdelmalek Sellal, ministre des ressources en eau. Dans leurs hottes : des projets, des promesses, des moyens et des engagements. “Ces régions nécessitent toute l'attention (…) Sur place, on verra les besoins des populations avec le dialogue”, a indiqué, hier à Adrar, le ministre de l'Intérieur lors d'une allocution à la clôture d'un séminaire international sur les foggaras. “On va offrir les moyens, protégez les foggaras”, préconise, de son côté, Abdelmalek Sellal. Mais, au-delà de la nécessité de réhabiliter ce système hydraulique ingénieux, plus que millénaire, il y a quelques soucis que les deux hôtes de la capitale du Touat semblent dissimuler. “Le dialogue, insiste Sellal, doit être permanent entre la société civile et les autorités.” “La présence de Daho Ould Kablia prouve que les autorités s'occupent de ces régions, nous sommes à l'écoute de toutes vos préoccupations.” Dans le contexte de turbulences chez le voisin de l'Est, en l'occurrence la Libye, avec lequel l'Algérie partage une partie de sa nappe albienne, une ressource stratégique s'il en est, faut-il sans doute le préciser, et les incertitudes sur la sécurité aux frontières sud, limitrophes avec le Sahel, le déplacement des deux hôtes de la capitale du Touat n'est pas une balade de santé. Et la générosité de l'Etat en ces temps de fortes demandes n'est pas un élan de charité. “Quand j'ai fait part au président de la République que j'allais me rendre à Aïn Guezzam pour expliquer à la population locale le programme retenu et écouter leurs préoccupations, il m'a dit de faire toutes les villes frontalières sensibles”, dira, quelques heures plus tard, Daho Ould Kablia aux journalistes à Bordj Badji-Mokhtar, à l'extrême-sud du pays. Ici, on est à seulement une vingtaine de kilomètres de la frontière malienne. Selon lui, les populations de ces régions “ont un droit sur le pays”. “On ne vient pas pour faire un acte de charité, c'est un droit de ces populations sur le pays. On a un programme spécial pour les régions frontalières”, dit-il. Mais lorsqu'on l'interroge sur le recours au vocable “sensible” des frontières, il tente, même maladroitement, de rectifier. “Je veux parler des conditions socioéconomiques de ces régions.” “Notre présence ici ne peut pas empêcher les tentatives de déstabilisation”, soutient-il encore, lui qui considère “la situation en Libye conjoncturelle”, comme pour réduire le déplacement au travail routinier de l'Exécutif. Et à propos de sa récente rencontre avec les notables des régions du Sud, il réitère qu'il n'a pas dit avoir rencontré les Touaregs. “J'ai dit que j'ai rencontré des gens du Sud. Il y a des parlementaires qui se positionnent tuteurs des Touaregs ; moi, je n'accepte pas ça. Je travaille avec les trois constantes : les élus, l'administration et la société civile.” En tout cas, l'Etat est plus qu'engagé à mettre la main dans la poche pour soulager les souffrances de ces populations. En plus d'un projet de la protection de la ville de Bordj Badji-Mokhtar, un barrage inféro-flux pour le renforcement de l'alimentation en eau potable de la ville, dont le coût avoisine les 640 millions de dinars, a été inspecté par les deux ministres à Timiaouine, à près de 140 km d'ici. Daho Ould Kablia a aussi visité un poste de douanes et un poste de la PAF. Et des visites sont prévues prochainement dans les wilayas d'Illizi et Djanet.