Ceux qui nourrissent encore quelques appréhensions sur une éventuelle infiltration terroriste depuis les frontières sud du pays doivent se rassurer. Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, est formel : “Je ne crains aucune ingérence étrangère.” Face à des journalistes qui l'accompagnaient hier à Bordj Badji-Mokhtar, à l'extrême-sud du pays, à la lisière avec la frontière malienne, il réitère que “la maison Algérie” est bien gardée. “Je n'ai pas peur (…) Même lorsque les terroristes étaient des Algériens, ils n'ont pas été soutenus par les gens de ces régions”, disait-il déjà la veille devant un parterre de notables venus prêter allégeance au président de la République, mais aussi exprimer leurs doléances et écouter les deux ministres, Ould Kablia et Abdelmalek Sellal dont le séjour ici en qualité de responsable il y a quelques décennies de cela a fait de lui un grand connaisseur de ces régions. Ses reliefs et ses hommes. “Ils cherchent à s'incruster aujourd'hui par la frontière libyenne”, soutient le ministre de l'Intérieur. Et lorsqu'on l'interpelle sur cette accusation, devenue itérative, sur une prétendue présence de mercenaires algériens en Libye, comme avancé par les insurgés libyens, Daho Ould Kablia contient difficilement son courroux : “Nous n'avons pas de données officielles et nous n'avons aucune preuve de la présence d'Algériens dans l'armée irrégulière”. “Sauf s'ils sont mus par des intérêts matériels”, tempère-t-il. Selon le ministre, ces accusations ne sont pas sans lien avec le fait que l'Algérie n'ait pas condamné le régime de Kadhafi. “Ce sont les forces de la coalition qui leur dictent leur politique (pour le Conseil national de transition, ndlr)”, dit-il, comme pour suggérer que l'Algérie paie les frais de sa position dans le conflit libyen. Interpellé, par ailleurs, sur le dernier rapport du département américain qui épingle Alger sur la question des droits de l'Homme, Daho Ould Kablia estime que ce rapport est “injuste”. “Il est naturellement biaisé, parce que l'Algérie n'entre pas directement dans la stratégie menée par les pays de la coalition, qui font pression sur beaucoup de pays arabes, et qui font de l'ingérence dans les pays arabes, c'est aussi simple que cela”, dit-il. “Les Etats-Unis ont plusieurs fers au feu, il y en a qui sont d'accord avec l'Algérie, un autre qui vient spécialement pour critiquer l'Algérie, ils ont une politique des plus ambiguës”, ajoute-t-il. Concernant les gardes communaux, il a rappelé qu'ils ont obtenu le maximum. “Il n'y a donc absolument aucune nouvelle revendication qui a été prise en charge. Il y avait quelques incompréhensions.” “Lorsque, poursuit-il, l'on a dit qu'on allait examiner les cas de ceux qui ont été radiés ou suspendus, nous avons décidé que nous n'étudierions que les cas de ceux qui ont eu des décisions de justice favorables, qui les ont blanchis, donc l'accusation n'était pas tout à fait fondée. Ceux-là ont le droit à des indemnités, et cela ne veut pas dire qu'ils vont être repris à l'avenir. Pour le redéploiement, c'est une histoire qui va se négocier différemment, l'armée choisira les hommes dont elle voudra, la police de même, sur fiche, la police communale sur fiche. Et ce ne sont sûrement pas les indisciplinés qui seront intégrés dans les rangs de l'armée…” Sur les mouvements sociaux qui secouent plusieurs secteurs, il recourt à une formule assez sibylline. “Beaucoup de mode, un peu de folie”, dit-il. De fil en aiguille, il stigmatise les Patriotes qui, eux aussi, se sont mis de la partie. “Vous pouvez me définir ce qu'est un Patriote ? Comment il fonctionne ? Comment il a été recruté ? Les gens sont volontairement venus apporter leur concours à l'armée, ils les utilisaient une fois par semaine, et maintenant ils veulent un statut, un salaire et 15 années d'arriérés, l'appétit vient en mangeant, ils demandent 8 millions de dinars d'indemnités.” Enfin, à la question de savoir s'il allait rencontrer l'envoyé onusien, Ould Kablia s'est montré catégorique : “Non, je ne l'ai pas vu et je n'ai rien à lui dire, il n'a pas demandé à me rencontrer.”