L'hôte de Liberté suggère d'autres formes pour condamner la diffamation, comme les excuses ou encore les sanctions financières. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, en mission de travail en Algérie, a rendu visite, dans l'après-midi d'avant-hier, au journal Liberté, où il s'est entretenu avec les staffs dirigeant et rédactionnel. Lors de cette séance marquée par un débat à bâtons rompus, l'envoyé onusien a eu droit à des explications assez élaborées sur la réalité de la presse algérienne en matière de liberté d'expression et de l'évolution des médias en général. L'occasion s'est offerte donc pour aborder aussi bien les aspects positifs sur la promotion et les acquis des médias nationaux, que les aspects négatifs qui entravent encore la liberté d'expression dans notre pays. Une fois la situation exposée, M. Frank La Rue a mis l'accent notamment sur la nécessité de “dépénaliser” le délit de presse instauré depuis 2001. “Là où je passe de par le monde, et l'Algérie ne fait pas exception, j'ai toujours insisté sur l'importance d'opter pour le code pénal le moins restrictif possible pour traiter la diffamation. C'est la meilleure façon de garantir la liberté d'opinion et d'expression, qui est le pilier de la démocratie. Certes, il n'est pas toujours aisé de définir les règles du jeu, mais ça reste très important dans la mesure où la liberté de la presse renforce la crédibilité de l'état, du pays donc”, a déclaré le rapporteur onusien. Avant d'apporter ses arguments : “l'augmentation de la pénalité va à l'encontre de la tendance de la Fonction publique et de son droit d'accès, mais aussi du regard sur la presse.” L'hôte de Liberté suggère d'autres formes pour condamner la diffamation telles que l'exigence du journaliste (ou l'organe) accusé de présenter des excuses publiquement, ou encore imposer des sanctions financières à tout réfractaire. Le droit de l'accès à l'information publique ne préoccupe pas moins le rapporteur onusien, qui explique que “les actions de l'état sont faites pour et par le public. Donc, elles doivent impérativement être ouvertes et accessibles au grand public”. Dans la foulée, le représentant onusien déplore, par ailleurs, le monopole de l'état sur la publicité. Sur ce point précis, M. La Rue estime que le monopole de l'état engendre automatiquement son contrôle aux médias, ce qui va à l'encontre de la liberté d'expression. Pour lui, les médias, publics et privés, n'ont pas le devoir de rendre compte au gouvernement, sinon aux citoyens, aux lecteurs et/ou téléspectateurs. L'autre aspect abordé par le rapporteur onusien, dont la visite a coïncidé avec la manifestation des étudiants, a porté essentiellement sur la démonstration et la mobilisation de la société qui, soutient-il encore, fait aussi partie de la liberté d'expression. à signaler enfin que M. La Rue a profité de son passage à Liberté pour visiter l'exposition du célèbre caricaturiste Ali Dilem, illustrant à plus d'un titre la liberté d'expression difficilement “arrachée” depuis déjà quelques années. Ceci, même si un long chemin reste encore à faire…