Les avocats s'interrogent si le chef terroriste serait jugé un jour… Le tribunal criminel près la cour d'Alger a renvoyé, jeudi, le procès de l'affaire de l'enlèvement des touristes étrangers dans le Sahara algérien en 2003 à la prochaine session criminelle prévue en octobre 2011 afin de “définir” la situation de l'un des principaux accusés, à savoir Amari Saïfi, alias Abderrezak El-Para, l'ex-“émir” de la zone est du GSPC et commanditaire de l'enlèvement des 32 touristes au Sud algérien. Reporté à plusieurs reprises, le procès s'est ouvert jeudi en présence des deux accusés et de leurs avocats respectifs qui se sont retirés lors de la dernière audience refusant de plaider en l'absence dudit Abderrezak El-Para. Leur demande a été motivée par le fait que ce dernier est aujourd'hui officiellement entre les mains de la justice et incarcéré à Serkadji. Le président du tribunal criminel, Bekkri Boualem, avait alors décidé de désigner des avocats d'office en rejetant la demande des avocats constitués. Mais lors de l'audience de jeudi, le magistrat a décidé le report de l'affaire après une petite discussion avec les avocats qui ont maintenu leur demande. “Jamais de procès sans El-Para”, ont insisté Mes Khennouf, Touati et Sidhoum, arguant du fait qu'il est cité dans l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation comme “accusé”. Suite à quoi, le président du tribunal criminel a décidé de renvoyer cette affaire pour la prochaine session criminelle qui s'ouvrira en octobre, et ce, pour définir la situation d'El-Para dans ce dossier. Mais, pour la défense, les choses sont claires : “El-Para est accusé et ne peut être témoin alors que c'est lui le commanditaire !” Le même magistrat avait déclaré en mars dernier qu'“El-Para avait bénéficié de mesures exceptionnelles” sans donner de plus amples précisions. Il s'agit de savoir maintenant s'il existe une “volonté” politique d'écarter ce chef terroriste, qui avait rejoint l'initiative de paix et de réconciliation, initiée par Hassan Hattab se trouvant lui sous résidence surveillée, selon le ministre de la Justice. El-Para sera-t-il jugé un jour ? s'interroge-t-on dans les milieux des avocats qui relèvent le fait que le procès de Kamel Djermane, le bras droit d'El-Para, qui s'ouvre en mai prochain, ne cite plus le nom d'El-Para, alors que cette affaire a été renvoyée sur demande de l'accusé “qui avait exigé la présence de son chef El-Para”. Selon l'arrêt de renvoi, les services de sécurité libyens ont livré, en date du 14 juillet 2007, aux services de sécurité algériens, Djermane Kamel, alias Bilel Abou Abdeldjalil, qui avait été remis aux Libyens par le Mouvement tchadien pour la démocratie et la justice. Il avait reconnu qu'il faisait partie du groupe d'El-Para et avait participé à l'enlèvement des touristes européens.