“Les réformes annoncées par le Président répondent à une demande pressante de la société algérienne. Tout dépend, bien entendu, de leur ampleur, de la manière dont elles seront conduites et, surtout, dans combien de temps. Qu'il faille revoir la loi électorale pour remédier aux fraudes qui dominent toute idée de démocratie en Algérie, qu'il faille aussi revoir l'ordonnance sur l'agrément des partis politiques pour permettre la plus large participation des sensibilités politiques à la vie politique du pays, ou qu'il faille, enfin, libérer le champ médiatique et lever toute contrainte à la presse, c'est presque trop beau pour y croire. On se demande pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt. Quant à la Constitution de 1996, elle est génétiquement condamnée à disparaître. On ne crée pas une deuxième chambre pour bloquer la première. En fait, avec un tel esprit, ce sont toutes les institutions qui ont été bloquées et l'Algérie empêchée d'avancer. Le Président n'a pas dit avec précision si la Constitution sera changée, ce qui est souhaitable, ou faiblement amendée. Qui va siéger au sein de la commission ? Des personnalités indépendantes ou seulement les partis, ce qui serait une erreur. Si les trois partis de la coalition y siègent en force, on aura forcément une Constitution semblable à l'actuelle, voire même plus rétrograde. En définitive, je pense que toute réforme est bonne à prendre pour peu qu'elle soit conduite rapidement et de bonne foi. Pour ma part, et ayant écrit deux livres sur les Constitutions algériennes, j'ai de nombreuses propositions à formuler. Mon souhait le plus cher, c'est que le président Bouteflika puisse enfin permettre à l'Algérie de reprendre confiance en elle-même, non avec des mots, mais avec une constitution qui serait enfin le bien de tous les Algériens.”