Les partis d'opposition et les représentants de la société civile marquent leur désappoin-tement sinon leur distance à ce discours qui n'enclenche pas une dynamique pour le changement de gouvernance et de pratiques démocratiques. Il est vrai que la nuit porte conseil, surtout quand on a été rivé sur la chaîne nationale pour voir et entendre le discours à la nation du président de la République, absent depuis longtemps du terrain, d'autant que ce dernier était en ébullition avec les émeutes et les revendications quasi quotidiennes. Après la prestation tant attendue et espérée, même tardive, personne n'a investi la rue pour saluer cette sortie parce que justement, elle n'a rien apporté comme soulagement à l'Algérien lambda et, surtout, à la jeunesse majoritaire. Ces milliers d'étudiants, qui battent le pavé depuis plus d'un mois pour simplement être entendus, souhaitaient un message de leur Président pour effacer et faire oublier le traitement dont ils ont fait l'objet. Ils pensaient être la relève, mais ils ne sont finalement qu'un nombre des oubliés de l'Algérie de demain qu'on veut construire sans eux. Le lendemain, dans tous les cafés, il n'a été question que du clasico, le match phare de la Ligua entre le Réal et le Barça, donc de foot. L'Algérien s'est-il donc mis en retrait de la vie politique, par perte de repères et de confiance ? Ou, ce qui l'importe (l'Algérien) se résume à un emploi et à un toit. La politique le dépasse-t-il ? Ou est-ce lui qui l'a laissée tomber à force de désillusions et de miroirs aux alouettes. Sur un autre volet, la réaction des acteurs politiques est millimétrée et connue d'avance. Les partis de l'Alliance ont applaudi cette sortie et les annonces où ils ont eu tout faux dans leurs déclarations, faisant croire qu'ils étaient dans le secret des dieux. Finalement, ils ne pensaient qu'à se placer dans le chemin de fer de la continuité de la légitimité révolutionnaire qui fêtera l'année prochaine son cinquantenaire. Plus que ce que la génétique puisse le permettre. De l'autre côté, les partis d'opposition et les représentants de la société civile marquent leur désappointement sinon leur distance à ce discours qui n'enclenche visiblement pas une dynamique pour le changement de gouvernance et de pratiques démocratiques. Pour certains, ce n'est que de la poudre aux yeux, pour d'autres, une échappatoire pour perdurer dans un monde arabe en ébullition, condamné à faire une mue radicale. Au milieu, on a vu un Président affaibli qui n'est plus celui de 1999 qui frappait du poing sur la table, interpellait les récalcitrants, promettait une refonte de l'éducation et de la justice dont les membres ont remis une copie pas toutefois appliquée et qui nous a promis monts et merveilles. Il est vrai qu'on était en 1999, l'Algérie n'était pas encore sortie de l'hydre islamiste. Mais maintenant que les Algériens ont vu en direct leur Président, fatigué et affaibli, il est à souhaiter que la relève appartienne à la majorité de la population, celle de la post-indépendance. Ce qui était le rêve du président Boudiaf. O. A. [email protected]