Un campement de l'ANP, érigé à la sortie d'Azazga en allant vers Yakourène, 45 kilomètres à l'est de la ville de Tizi Ouzou, a fait l'objet, vendredi vers 20h, d'une attaque, sans doute, la plus meurtrière dans la wilaya durant cette dernière décennie. Le bilan reste encore provisoire, mais il s'élève déjà à 13 militaires tués, une quinzaine d'autres blessés, entre graves et légers, et un terroriste abattu. L'accrochage entre les terroristes et les militaires a duré près de deux heures, selon le témoignage des habitants de Yakourène : cette petite et paisible ville située à moins de trois kilomètres du lieu du casernement de l'ANP pris pour cible. C'était au moment où les regards des habitants de la région, comme ceux de tout le reste du territoire national, étaient rivés sur leur écran de télévision pour suivre en direct le discours du président de la république, qui s'adressait au peuple algérien, que les premières rafales d'armes automatiques ponctuées par de fortes explosions ont commencé, laissant deviner que les criminels du GSPC ont fait également usage de bombes artisanales ou de grenades pour ne laisser aucune chance aux soldats de l'ANP. Pris par effet de surprise, ces derniers tentaient cahin-caha de riposter, mais non sans payer un lourd tribut eu égard aux importantes pertes enregistrées dans leurs rangs. L'attaque, qui était a priori d'une très forte intensité, comme le laissent entendre les habitants de la région, semble avoir été minutieusement préparée par les islamistes armés dont le nombre exact reste inconnu, mais qui ne serait pas moins d'une cinquantaine d'éléments, puissamment armés, qui se seraient scindés en deux groupes ayant, selon des sources sécuritaires locales, pris d'assaut le campement des deux côtés. Avant de lancer leur attaque, les terroristes ont pris soin de bloquer la RN12 à l'aide de tronc d'arbres afin d'entraver d'éventuels renforts militaires qui devaient naturellement intervenir quelques dizaines de minutes après. Des engins explosifs auront été aussi placés sur la route que devaient emprunter les renforts, a indiqué notre source. Après près de deux heures de violents échanges de tirs à l'issue desquels les soldats de l'ANP ont pu éliminer un terroriste, les assaillants ont pris la fuite à travers le maquis de Yakourène, réputés être l'un des plus importants quartiers généraux de l'organisation d'Abdelmalek Droukdel en Kabylie. Alors que morts et blessés commençaient à être acheminés vers l'hôpital d'Azazga, qui a connu ainsi une nuit des plus agitées, les renforts arrivèrent sur les lieux, appuyés par des hélicoptères de combat. Ils ont lancé, comme après chaque attaque, une opération de ratissage qui se poursuivait jusqu'au hier dans la journée. Une opération sur laquelle aucune information n'a encore filtré en fin de journée d'hier. Hier matin encore, la population d'Azazga et de Yakourène était toujours sous le choc, convaincue que le terrorisme, bien que moins actif qu'il y a quelques années, est toujours là, prêt à frapper n'importe où et à n'importe quel moment. Il est à noter que cette attaque, des plus meurtrières qu'a connues la wilaya de Tizi Ouzou depuis le début du terrorisme, intervient au moment où les autorités du pays continuent de soutenir mordicus que la charte pour la paix et la réconciliation nationale a grandement réussi à affaiblir le terrorisme. Un terrorisme qui, comme le laisse croire l'attaque d'avant-hier, ne semble pas faiblir dans la wilaya de Tizi Ouzou où, malgré le bilan assez éloquent de 33 terroristes abattus, et dont 9 “émirs”, 4 capturés vivants et 2 repentis, durant l'année 2010, auxquels s'ajoutent une autre dizaine depuis le début de l'année 2011, l'islamisme armé continue de frapper notamment au moment où la baisse de vigilance se fait le plus sentir.