Le combat de cette génération de militants hors pair est d'autant plus méritoire qu'elle n'a pas succombé aux sirènes de la violence pour venir à bout d'un système politique qui n'a d'ouïe que pour le langage des armes. La célébration du 31e anniversaire du Printemps amazigh d'Avril 80 intervient dans un contexte bien particulier marqué par un vent de changement qui souffle sur nombre de pays de la rive sud. Le précoce engagement démocratique des acteurs ayant écrit cette belle page de l'histoire contemporaine du pays n'est jamais aussi bien conforté qu'en ce moment où des dictateurs les plus sanguinaires se voyaient déposer par leur peuple. “Acte fondateur des revendications démocratiques, Avril 80 a anticipé les légitimes aspirations des peuples du Sud à vivre dans la liberté et la dignité”, a remarqué fort justement le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dans un communiqué rendu public hier. Le combat de cette génération de militants hors pair est d'autant plus méritoire qu'elle n'a pas succombé aux sirènes de la violence pour venir à bout d'un système politique qui n'a d'ouïe que pour le langage des armes. “Cela fait 31 ans qu'une génération de militants, bravant la répression et la censure du parti unique, s'est levée pour lancer une forme de luttes inconnues dans les traditions politiques algériennes jusque-là caractérisées par la violence et l'intolérance. Le combat pacifique, le débat et les démarches consensuelles venaient de naître”, a rappelé, à juste titre, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), non sans souligner qu'“Avril 80 fut une réussite et un espoir parce qu'il a rassemblé dans la loyauté, la solidarité et la transparence des militants qui ont su voir les priorités de l'histoire”. Mieux encore, “l'esprit d'Avril 80 se prolonge et se renforce malgré les manœuvres, la censure et la désinformation qui tentent régulièrement d'en altérer l'historique et la portée”, se félicite le RCD dont le président Saïd Sadi a été l'un des principaux animateurs à l'origine de cette épopée. Même si elle a été à l'origine de bien des avancées et mouvements, la lame de fond d'Avril 80 n'a pas pu défaire le système en place, comme c'est le cas en Tunisie ou en Egypte. Et parce que “les valeurs qui ont produit Avril 80 sont plus que jamais à l'ordre du jour face à un pouvoir archaïque, tribalisé, violent et corrompu”, le RCD lance un appel “à toutes celles et ceux qui assument la vérité historique et l'espérance démocratique” à se mobiliser autour de deux principes : la reconnaissance de la langue amazighe comme langue nationale et officielle dans un Etat démocratique et social ; et la condamnation de la violence, de la corruption et des fraudes électorales qui ont dépossédé le citoyen de sa liberté et de son droit à choisir librement ses représentants.