Constatant que le régime de Kadhafi ne pliait pas devant ses frappes aériennes, bien au contraire qu'il acculait les rebelles dans leurs derniers retranchements, l'OTAN a multiplié hier ses bombardements en visant les centres de commandement de l'armée régulière libyenne dans la région de Tripoli. Alors que le drame humanitaire commence à prendre des proportions inquiétantes au vu du nombre très élevé de victimes, 10 000 selon le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, qui cite le président du CNT libyen, l'OTAN a augmenté la cadence de ses frappes hier contre les forces de Mouammar Kadhafi, dans l'espoir d'en venir à bout plus rapidement. Ainsi, l'organisation militaire transatlantique a annoncé hier avoir effectué des frappes “multiples” contre des centres de commandement des forces pro-Kadhafi, y compris dans la région de Tripoli, dans la nuit de lundi à mardi. “L'Otan a mené des raids délibérés et multiples contre des centres de commandement et de contrôle du régime Kadhafi la nuit dernière”, a indiqué l'Alliance atlantique dans un communiqué. Les cibles visées comprennent, notamment, “des infrastructures de communication utilisées pour coordonner des attaques contre des civils et le quartier général de la 32e brigade (de l'armée libyenne), situé à 10 kilomètres au sud de Tripoli”, a souligné la même source. Elle a également ajouté que “l'Otan continuera sa campagne visant à affaiblir les forces du régime de Kadhafi qui sont impliquées dans les attaques en cours contre des civils”. L'information a été confirmée par l'agence officielle libyenne Jana, qui avait indiqué peu avant le communiqué de l'Otan, que l'Alliance avait mené des frappes mardi matin sur Tripoli, Aziziyeh et Syrte, ville natale du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Par ailleurs, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré hier que “l'Italie va poursuivre son soutien aux rebelles libyens, notamment en essayant de faciliter la vente de leur pétrole, alors que le conflit dans ce pays a déjà fait 10 000 morts”. Il indique à la presse que le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil, “nous a parlé de 10 000 morts en Libye, victimes d'un régime sanguinaire, et de 50 000 à 55 000 blessés”. Le ministre a réitéré la disponibilité de l'Italie à aider les rebelles libyens avec davantage de médecins et infirmiers dont certains sont déjà présents dans des hôpitaux locaux, notamment dans la “ville martyre” de Misrata, assiégée par les forces loyalistes. M. Frattini a par ailleurs indiqué que la vente de pétrole par les rebelles, pour leur permettre de financer leur lutte contre les forces de Mouammar Kadhafi, figurerait à l'ordre du jour de la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye, qui se tiendra “la première semaine de mai” à Rome. “On va discuter des instruments légaux qui permettraient la vente de produits pétroliers aux distributeurs internationaux”, a précisé M. Frattini. Le chef de la diplomatie italienne a également assuré que la communauté internationale chercherait des moyens “pour mettre à disposition du peuple libyen des sommes d'argent qui font partie des avoirs économiques gelés” qui étaient gérés par le régime de Mouammar Kadhafi. Pour rappel, jusqu'à présent, seuls la France, l'Italie et le Qatar ont reconnu le CNT comme interlocuteur légitime en Libye, en lieu et place de Mouammar Kadhafi.