La cueillette des fèves de plein champ commence en avril à l'Ouest, dans le Sud et sur le littoral, elle s'échelonnera jusqu'à la mi-été sur le reste du pays. La gousse verte fut très recherchée autrefois pour l'alimentation de nos ancêtres. Certains historiens rapportent même qu'ils en abusaient jusqu'à être atteint de favisme. Une affection grave du sang caractérisée par la destruction des globules rouges. Mais ne nous affolons guère. Le mal est rare de nos jours. Jusque vers 1840 à Alger, se tenait un festival au bord de la mer sur les lieux même où, de nos jours, s'étale la luxuriance végétale du fameux Jardin d'Essai. En cet endroit, se dressaient deux koubbas. L'une dédiée à Sidi Blal, l'autre, à peu de distance, vouée à Sidi Baoua, autour desquelles se déroulait un rite que l'anthropologie nous dit être la Fête des fèves consacrée par la population noire d'Alger et ses environs à l'apparition des petites gousses vertes. Il n'y avait pas que les Gnawa qui célébraient la petite graine. Le folklore algérien foisonne d'usages coutumiers liés à la fève. On la mange également lors de certaines fêtes comme Achoura ou Ennayer et dans les occasions heureuses : mariage, naissance, circoncision, première dent, première coupe de cheveux… La fève représente, dans la symbolique berbère, la fécondité, la force et la longévité. (M. A., Haddadou in Le guide de la culture berbère). Des protéines, des vitamines, des oligoéléments, et des sels minéraux en bonne quantité. Les fèves fraîches ou févettes sont un régal végétal de printemps. Elles sont la composante de nombreux apprêts de notre cuisine. À commencer par le couscous roi : gousses entières dans la sauce ou les graines écossées cuites à la vapeur avec la semoule. Le mets est accompagné de raïb ou de leben. Spécialité nationale qui a la réputation de favoriser la sieste digestive. S'en suit tout l'éventail des tbiykhate : accompagnées de petits légumes de saison tels les petits pois, artichauts, cardes et cardons, pommes de terre. Très répandue également la salade tiède (gousses et graines cuites à la vapeur, servies avec oignon haché, vinaigre et huile d'olive) souvent aromatisée aux herbes de printemps (fliou, zaâtar, menthe). Sans oublier la chorba sans viande aux févettes et le tajine el foul bel l'ham. Cueillies à maturité et séchées, les graines de notre légumineuse sont un attribut incontournable de certains couscous d'hiver à côté de la courge (kabouya, takhssaïth) et de la viande séchée (khli', hchim, qadid). Puis il y a la soupe (parfois purée) de fèves (bissara ou abissar) et la fameuse doubara où elles se marient heureusement aux pois chiches… Momo [email protected] RECETTE SALADE DE FÈVES AU THON Ingrédients : - 100 g de petits pois cuits - 200 g de fèves - 2 boîtes de thon à l'huile - 50 g de fenouil cru - 20 g de câpres -1 c. à soupe d'aneth (bsibsa, chbit) - 10 cl d'huile d'olive - 5 cl de bon vinaigre ou le jus d'un demi-citron - 1 c. à café de moutarde - Sel fin Poivre noir Préparation : Faites dessaler les câpres dans un bol d'eau fraîche. Emincez finement le fenouil. Ecossez les fèves et ôtez le tégument. Rincez et égouttez soigneusement les câpres, séchez-les sur un papier absorbant.Egoutter et émietter le thonDéposer fèves, petits pois, fenouil, thon dans un saladier. Dans un bol, mélangez le vinaigre, la moutarde, l'huile, salez et poivrez. Versez sur les légumes et mélangez soigneusement. Saupoudrez d'aneth haché et servez.