La revue dédiée au neuvième art, revient dans un nouveau format, avec de nouvelles rubriques et toujours avec la même ambition : l'expression du talent. “Tout vient à point à qui sait attendre”, serions-nous tentés de lancer. En effet, alors qu'on ne l'attendait plus, El-Bendir revient après une année d'absence. Un retour qui a réussi à effacer les interminables jours, semaines…puis mois d'attente. Dans un nouveau format et avec moins de pages (de 96 à 72 pages), toutes les nouvelles de la BD en Algérie et ailleurs, seront détaillées tous les mois, avec des bonus, des planches inédites, des interviews, des dossiers et parfois même, une [re]lecture de l'actualité à la sauce BD. À partir de la semaine prochaine, le deuxième numéro d'El-Bendir sera disponible dans certains points de vente de la capitale, en attendant d'être distribué dans toutes les régions du pays. La couverture du numéro est plus sobre, moins chargée que les précédentes ; mais sa particularité est qu'elle reprend, avec humour, le phénomène d'actualité, sombre et dramatique, de l'immolation. Mais sur la couverture signée le Hic (directeur de la rédaction d'El-Bendir), on voit bien qu'à l'immolation, il préfère lire El-Bendir. Une manière de nous signifier que l'objectif d'El-Bendir qui en a vu des vertes et des pas mûres en attendant son agrément, n'a d'autre prétention que de permettre aux jeunes (et aux moins jeunes) de s'exprimer et de donner libre cours à leur talent. Le contenu de ce deuxième numéro est à la fois attrayant et attractif, entre les infos exclusives sur le prochain Fibda, les planches inédites (Haroun, l'Andalou, Red One, Dahmani & Gyps, Hic, Slim, Togui), le dossier spécial BD british ou encore les aventures des Algériens au Festival d'Angoulême, ainsi que le Zoom sur le super blog 12 tours. Ce blog, créé à l'initiative de talentueux dessinateurs (Slim, Elho, Nime, Togui, Rym, Z, l'Andalou) cherchant un moyen d'expression libre et sans censure, répond à un règlement très strict : un thème mensuel et l'usage du noir et blanc. Dans la rubrique “BD toi-même”, on retrouve les confidences et les aspirations de Djillali Biskri qui s'est lancé, depuis quelques années, dans le projet fou du film d'animation. Fidèle à ses calembours et ses jeux de mots décapants, Slim nous propose avec “Arabisons futé” des cours d'arabe très personnalisés. Présent à Angoulême au mois de janvier dernier, aux côtés de Togui et de Red One, Omar Zelig reconstitue les quelques jours passés dans un des plus prestigieux festivals au monde, dédié au IXe art. Dans El- Bendir, Togui livre son quotidien avec humour et fautes d'orthographes, ce qui ne fera sans doute pas plaisir aux parents et aux enseignants ! Togui revient sur une année totalement folle, couronnée par la publication de son premier album, “Togui Diary's” (éditions Dalimen). L'agréable surprise de El-Bendir, c'est le dessinateur, l'Andalou qui ne manque pas d'humour et surtout pas d'imagination. Les planches publiées de l'Andalou relatent les aventures d'un professeur à l'USTHB qui découvre un jour le moyen de donner vie à des objets inertes. En outre, on remarquera une différence de ton et même d'humour parfois, chez les jeunes ou chez ceux qui n'ont pas eu d'expérience dans le dessin de presse. Un support pour exprimer son talent Dans un registre un peu plus sérieux (mais pas trop), un journaliste se demande, dans un reportage, si on peut rire des émeutes qui ont secoué le pays au mois de janvier dernier. Et même s'il y a une limite à tout, on constate qu'on peut effectivement rire de tout, de ce qui nous blesse plus que de ce qui nous indiffère. Même si ce qui se passe chez nous dans le monde des bulles se taille la part du lion, l'expérience des autres qui ont une réelle tradition dans la BD, intéresse la rédaction d'El-Bendir. De ce fait, un portrait du célèbre scénariste Alan Moore, créateur, entre autres, de “V pour Vendetta” est proposé, ainsi qu'un dossier consacré à la BD british. Ce qu'on retiendra de ce dossier, c'est qu'un festival et une revue ne suffisent pas pour créer une réelle et effective renaissance de la bande dessinée. Si on calque ce constat sur la réalité de la bande dessinée algérienne, on remarquera que même si on n'arrête pas, depuis quelques années, d'applaudir et de saluer la renaissance du IXe art en Algérie, il n'y a pas de quoi faire des jaloux avec un festival (même si nous proches voisins pourrait l'être) et, à présent, une revue dédiée spécifiquement à cet art. Hormis Dalimen (qui fait de remarquables efforts de publication de BD), les éditions Lazhari Labter et l'Enag, les autres éditeurs boudent et snobent cet art, considéré comme underground. Si on chasse ses idées noires, il reste qu'El- Bendir est un support, une réelle tribune pour les talents. Mais les talents ont besoin de vivre de leur art ! Points de vente : librairie du Tiers Monde, librairie Chihab Internationale, librairie Les Mots, librairie La Renaissance, librairie Arts et Lettres (Val d'Hydra), librairie Benzekour (Blida). La liste est appelée à s'allonger dès la fin de semaine, avant la distribution en kiosque. Liens utiles : www.andaloussy.com, http://12tours.over-blog.com/