Dans le cadre de la manifestation Tlemcen capitale de la culture islamique, le film de fiction, Tlemcen résiste, du scénariste et réalisateur Amar Arab, a été présenté en avant-première mercredi en soirée à la maison de la Culture Abdelkader-Alloula devant un public peu nombreux par rapport aux séances précédentes. Le film de 90 minutes était censé montrer dans toute sa dimension la résistance héroïque au XVIe siècle de la cité de Tlemcen aux incursions des Espagnols, mais le réalisateur a, selon même quelques cinéphiles connaisseurs, dévié de son objectif pour aller s'embourber dans les méandres historiques des régions de Mers el-Kébir, Oran, Béjaïa, Alger et ailleurs, déconnectant ainsi le spectateur de la chronologie des faits réels. Ils estiment que le titre est trompeur, puisque le cinéaste semble avoir agi sans cohérence et sans idée directrice. Autre particularité, les deux historiens Mohamed Négadi et Ghouti Bensenouci sont ceux-là mêmes qui ont commenté les précédents films : Tlemcen la grande mosquée, de Mohamed Houideg, Cheikh Kaddour Ben Achour, de Nazim Kaidi, Mosquées, zaouias et mausolées de Béni Snouss, de Hocine Nazef, Boustene Tlemcen, de Hafidh Bensalah, et qui figurent également dans le générique des autres productions à venir : Tlemcen l'Andalouse, de Chérif Aggoune, Sidi Boumediène Choaib El Ghouth, de Yahia Mozahem, les Secrets de portes de Tlemcen, d'Ahmed Attifa, le Siège de Tlemcen, de Tayeb Cherif Seddik, développant ainsi le même discours lassant sur l'histoire de Tlemcen et de ses péripéties alors que d'autres points de vue d'historiens auraient été les bienvenus pour apporter des analyses autrement élaborées. Il a été aussi reproché au réalisateur le fait qu'un commentaire féminin qui comporte certaines erreurs historiques a été débité à forte cadence désarçonnant ainsi le public dans le suivi des faits. Amar Arab a défendu bec et ongles son film lors du débat en soulignant qu'en trente ans de carrière en France et une filmographie d'une centaine de productions, c'est la première fois qu'il réalise un film de fiction en langue nationale. “J'ai répondu à l'appel de la patrie pour apporter ma contribution à cette manifestation internationale, et j'envisage de proposer la traduction de ce film en amazigh, en français et pourquoi pas dans d'autres langues (…). Mon équipe et moi-même avons travaillé deux mois pour réunir les archives acquis auprès des télévisions d'Espagne, de France et de Grande-Bretagne, pour illustrer le film en question. Bien sûr, avec les techniques des images de synthèse, la conception et le rendu panoramique auraient été meilleurs, mais le budget affecté à la production ne pouvait le permettre.” Il a aussi précisé que ce sont 40 minutes d'images d'archives qui ont été intégrés au film pour son illustration historique montrant les grandes batailles contre les conquérants étrangers à l'époque.