La plupart sont des septuagénaires, voire des octogénaires, usés par une dure vie de labeur qui viennent percevoir leur pension libellée en devises étrangères. Dès le 20 de chaque mois, les abords de la succursale de la BADR sont investis par des centaines de retraités qui avaient effectué leur carrière de l'autre côté de la Méditerranée durant des décennies. Ces anciens mineurs, manœuvres, maçons, éboueurs et journaliers qui avaient trimé des dizaines d'années durant, se retrouvent devant cette banque conventionnée par les caisses de retraite et les mutuelles françaises, car ils sont issus des 34 communes de la wilaya. La plupart sont des septuagénaires, voire des octogénaires, usés par une dure vie de labeur qui viennent percevoir leur pension libellée en devises. Ces vétérans, souvent malades chroniques, sont contraints d'effectuer un pénible déplacement et de poireauter durant des heures, à la merci des intempéries, pour accéder à l'appel de leurs noms respectifs par un préposé, aux lieux de céans et se présenter à la caisse. Cette démarche s'avère contraignante pour ces personnes âgées qui la subissent stoïquement car ce pécule est toujours le bienvenu pour vivre dignement pendant cette conjoncture économique défavorable. D'aucuns auraient souhaité de meilleures conditions d'accueil, eu égard à leur âge avancé et à leur état de santé et ils regrettent l'absence de salle d'attente. Approchés, ils confient toutefois qu'ils sont heureux d'encaisser chaque mois quelques centaines d'euros qu'ils s'empressent de revendre aux cambistes de la rue d'Announa à un taux appréciable. Certains perçoivent en moyenne sept à huit cents euros par mois et d'autres davantage, ce qui leur permet de disposer d'une somme rondelette d'environ dix millions de centimes de notre monnaie locale. Ces retraités sont souvent sollicités par des importateurs, des hommes d'affaires, des citoyens qui désirent effectuer un pèlerinage à La Mecque, une omra, un voyage et des vacances à l'étranger, des soins outre-Méditerranée… Les retraités du régime français rendent d'indéniables services à la société et ils réclament un minimum de dignité lors de la perception de leur pension mensuelle. Cependant, il est utile de souligner que les responsables de la BADR déploient tous leurs moyens humains et équipements pour répondre au mieux aux légitimes attentes de cette catégorie de clients.