Le deuxième jour du procès, hier, de l'affaire des 28 quintaux de kif saisis en 2005 à Maghnia, dans la wilaya de Tlemcen, a été marqué par la lecture d'un résumé des auditions d'avant-hier présenté par le président, M. Had. Immédiatement après, il s'en est suivi l'intervention d'un avocat de la défense qui a demandé au président un acte sur la violation de l'article 284 du code de procédure pénale, et ce, au motif que la veille, à l'issue de la cessation de l'audience, il a constaté que le président et les jurys étaient dans le même couloir que les citoyens. La demande a été aussitôt refusée. “Il n'y a qu'une seule porte par laquelle tout le monde entre et sort. Quant aux jurys, ils ont été isolés, ils ont passé la nuit à l'hôtel avec les membres du tribunal criminel. Donc, il n'y a aucune suspicion à avoir sur le fait qu'ils pourraient communiquer avec des tiers”, ont précisé le président et le représentant du ministère public. Dès lors, place à la suite des auditions. Et c'est B. B., qui a été entendu la veille, qui a été rappelé une seconde fois à la barre au sujet de sa rencontre en prison avec le témoin S. M. Ce dernier lui succède à la barre et confirme avoir rencontré B. B. en prison. Un certain S. M. révèle aussi avoir vu, deux mois avant l'éclatement de l'affaire, la voiture Renault 25 à travers les rues de Maghnia et à son bord, O. K., policier, et une troisième personne qu'il n'a pu identifier. Appelé à son tour à la barre, D. D., ex-chef de sûreté de la daïra de Maghnia, poursuivi pour falsification de documents et couverture d'un individu, a relaté les faits tels qu'ils se sont déroulés. Par contre, il niera les faits qui lui sont reprochés, notamment le nom et numéro du téléphone portable 07 71 de l'informateur au sujet de la présence de la voiture rouge devant le garage de B. B., dit Ould El-Anzi. D. D. a évoqué, également, l'appel téléphonique de B., chef de la brigade de stupéfiants de la sûreté de wilaya qui lui a demandé s'il disposait d'un mandat de perquisition. “Là, j'ai coupé la communication pour informer mon supérieur, le chef de sûreté de wilaya, S. M., qui m'a ordonné de faire mon travail.” Lors de son audition, D. D. a évoqué aussi l'erreur commise par les enquêteurs qui ont omis de relever les empreintes sur la voiture et les traces des pneus. Interrogé au sujet du déroulement du procès, Me Miloud Brahimi a déclaré à Liberté : “D'une manière générale, la première journée du procès s'est déroulée avec beaucoup de sérénité, d'autant que le président de l'audience maîtrise parfaitement le dossier. M. Had a laissé les gens s'exprimer librement, la défense a joué son rôle, et c'est tout ce que nous demandons. Par contre, j'ai entendu des choses extrêmement regrettables de la part d'un prévenu (policier) et qui dit avoir été torturé par ses propres collègues pour enfoncer un cadre de la police. À mon sens, il faut espérer, qu'en 2011, on n'entend plus ce genre de choses. Je vous rappelle, il y a quelques années, l'Algérie a introduit dans son code pénal la criminalisation de la torture.” L'audition du reste des prévenus se poursuit à l'heure où nous mettons sous presse.