Accueillant, sans redouter les dernières saisons de la raison, l'auteur ne parle pas de lui, non pas par modestie, mais par l'éducation reçue nous parle de sa ville Sour El-Ghozlane (ex-Aumale), où le café de son père sert de dévidoir de tant de souvenirs. Ce café, lieu de rencontres et de négoce, restitue l'atmosphère d'une époque où la parole avait son pesant d'or. Petit, il était là mémorisant sans le vouloir, enregistrant malgré lui ces scènes d'une vie quotidienne banale sur le moment, mais combien importante à l'âge du compte à rebours. Comme quand on déroule sa vie à l'envers. L'écrivain M'hamsadji retrousse ses manches comme il le fait avec son riche itinéraire, comme les films que l'on rembobine. On suit Kaddour, enfant, au café de son père, scolarisé, et cela nous rappelle Fouroulou, avec un tablier confectionné avec du tissu vichy. Ce sont tous ces détails que nous restitue l'auteur dans un style fait de simplicité et d'humanisme. K. M'hamsadji, un des doyens vivants de la littérature d'expression française, m'a marqué avec un conte publié en 1967, chez la Sned. Il s'intitulait le Coq du village. Je l'avais reçu comme prix de fin d'année scolaire. Puis, il y a aussi plus tard, en 2000, chez Casbah éditions, le Rêve derrière soi. L'auteur défile son époque, une époque que nous n'avons pas vécue. Faite de simplicité, de simples gestes quotidiens, la misère, mais la tête haute. Pour ceux qui ne veulent pas oublier d'où ils viennent, la lecture de ce livre leur serait d'un précieux apport et réconfort. Ce sera l'histoire de leur père ou de leur grand-père. À travers ce récit, K. M'hamsadji raconte sa vie, mais pas ses mémoires, et cette humilité qu'il porte si bien pousse à la lecture de cet ouvrage à hauteur d'homme.