“Je suis un peu impressionné d'ouvrir mon petit carnet secret. Ce film est une manière de vous dire ô combien j'aime bien ce pays. Aussi, j'ai réalisé un rêve d'enfant, celui d'aller sur les traces du père Charles de Foucault. Je vais imiter Joséphine Baker en disant : j'ai deux amours. La France et l'Algérie...” Telle était la déclaration et déclamation d'amour de l'acteur français Jean-Claude Brialy à l'endroit de l'Algérie, son pays natal, présentant le film Sur les traces de son enfance en Algérie, samedi soir à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Et ce, devant un aréopage constitué exclusivement de femmes et hommes de culture et autres anonymes, des fans et en présence de l'un des réalisateurs du film, Yannis Chebbi (l'autre est Michael Kazan). Sur les traces de son enfance en Algérie est un documentaire écrit et raconté par Jean-Claude Brialy de 52 mn, réalisé l'année dernière pendant cinq jours. Il s'agit d'un d'un film autobiographique sur l'enfance de Jean-Claude Brialy passée en Algérie de 1933 à 1943. Soit dix ans de sa prime enfance algérienne. Narrateur, dans un “je” de rôle singulier, celui d'une tranche de vie candide, scolaire, onirique, naïve, émouvante et nostalgique, Jean-Claude Brialy invite le spectateur à compulser avec lui l'album de son enfance en observant des haltes ayant tutoyé son histoire. Ainsi, s'ouvre son journal intime sur le port d'Alger. Une page, une image insulaire et iodée : “Voilà, l'Algérie, mon pays, le pays où je suis né !” A Sour El Ghozlane (ex-Aumale), sa terre qui l'a vu naître, il y a voilà 73 ans, Jean-Claude Brialy visitera la son lieu de naissance, le QG de la Gendarmerie nationale(une ancienne caserne). Car son père était un militaire. Jean-Claude Brialy est né le 30 mars 1933. “Je me souviens des prise d'armes à cheval”, confiera-t-il. Et puis cette belle séquence. Un bain de foule et jouvence de son école. “Je suis ému d'être reçu comme un enfant du pays, ici, à Sour El Ghozlane.” A Blida, entre la place du Kiosque et du théâtre municipal qui l'a vu monter sur scène pour la première fois de sa vie (l'acteur était né), Jean-Claude Brialy y avouera son amour : « C'est la ville des roses de mon coeur !” Il visitera non sans émotion la maison familiale, rencontrera un ancien camarade de classe... Au Ruisseau des singes, son paradis, qui l'inspirera à écrire un roman portant le même nom, il s'émerveillera sur la beauté du site. A Alger, sur la chanson “douce” de Charles Trenet, La mer, le célèbre acteur ayant plus de 200 films à son actif, déambulera au port, à La Casbah, s'attardera au cinéma Triomphe et à l'hôtel Safir (ex-Alleti). A la Cinémathèque algérienne de la rue Larbi Ben M'hidi, le public et des comédiens comme Saïd Hilmi, Farida Saboundji, Beyouna lui témoigneront leur respect. Et puis, il se rendra à Annaba - sous un ciel gris, cuivré et pluvieux -, où il a habité de 1940 à 1943, un immeuble au 3e étage. Il y visitera l'école, devenue lycée depuis, la Basilique de saint Augustin. Et puis, son voyage initiatique qu'il a tant rêvé sur les traces du père Charles de Foucault, à Tamanrasset. A l'Askrem, il s'imprégnera et méditera dans l'ermitage De Foucault. Brialy, drapé dans un burnous, dira : « J'admire la vue et écoute le silence. Quand j'avais 30 ans, on m'avait proposé de jouer le rôle du père De Foucault...” Commentant le documentaire, Jean-Claude Brialy nous confiera : « Même si c'est un film, je ne suis pas acteur là. Je suis un homme qui a devant des amis, des émotions qui sont trop fortes et sincères. Partout où je suis retourné, l'année dernière, j'ai rencontré des gens formidables. Bien sûr, je suis acteur, connu... Mais pour eux, ils avaient affaire à un monsieur âgé qui retrouvait ses joies d'enfant. Ces femmes et hommes exprimaient tant de générosité, simplicité... Et cela part du coeur ! Des retrouvailles émouvantes !” Par ailleurs, il reviendra en Algérie bientôt pour le tournage de deux films algériens dont les sujets l'ont déjà séduit.