Ils sont rares encore aujourd'hui les journaux qui déclarent leurs journalistes à la Sécurité sociale.Plus de vingt printemps après l'ouverture de la presse écrite au privé, qui a vu la naissance de dizaines de titres, consacrée par la promulgation de la loi sur l'information, (1990), le journaliste algérien n'arrive toujours pas à sortir la tête de l'eau et se défaire de son statut on ne peut plus précaire ! Pis encore, la misérable situation socioprofessionnelle de la corporation se conjugue de plus en plus à l'injustice qui met à nu la vulnérabilité des journalistes face à l'hégémonie de certains patrons de presse, de ces “hors-la-loi”. Les confrères de la presse publique ne sont pas mieux lotis. Pour preuve, de multiples plaintes sont quotidiennement enregistrées par le Syndicat national des journalistes (SNJ). “Oui, nous enregistrons constamment des dizaines de plaintes relatives au licenciement abusif, à l'agression physique, ou encore au harcèlement”, confirme, en effet, Kamel Amarni, secrétaire général du SNJ. Si le syndicat a réussi à régler nombre d'affaires déclarées, il n'en reste pas moins que plusieurs dépassements sont signalés ici et là. Ceci, en dépit du statut de journaliste, en vigueur depuis 2008, qui définit les devoirs et les droits du journaliste. Selon le représentant de la corporation, ce statut offre, en effet, de multiples avantages au profit du journaliste, quand bien même il reste incomplet en matière de textes. À présent, cette loi oblige du moins les employeurs à respecter les droits des journalistes engagés. Mais, ce n'est malheureusement pas le cas chez nombre d'entre eux (les employeurs). Ces derniers sont souvent réfractaires à loi ; ils excellent notamment en matière de non-déclaration à la Sécurité sociale de leurs employés journalistes. En effet, les journalistes non déclarés à la Sécurité sociale se comptent encore par dizaines. “Est-il concevable d'exercer le métier de journaliste, métier de tous les risques, sans même pas s'être affilié à la Sécurité sociale ?” s'interroge, désabusé, un confrère ayant bravé le risque d'exercer pendant deux longues années, dans cette situation irrégulière. Tous ces dysfonctionnements peuvent être évités pour peu qu'il y ait respect de la loi. “Il faut que les gens sachent qu'il y a bien des lois, et qu'il suffit seulement de les respecter pour éviter au moins 90% des problèmes énumérées”, a soutenu Kamel Amarni. À la veille de la révision de la loi sur l'information, annoncée par le ministère de tutelle, le SNJ met en garde contre “une révision substantielle et qui puisse aller vers plus de restrictions (…)”. Pour le syndicat, il ne faut surtout pas que la loi sur l'information touche à la charte d'éthique et de déontologie de la corporation. Le SNJ se déclare à ce titre “contre toute ingérence des pouvoirs publics”. Dans la foulée, le syndicat réclame, par ailleurs, la réhabilitation du Conseil national supérieur à l'information, seule institution habilitée à délivrer la fameuse carte de presse tant souhaitée. L'enthousiasme et la contestation sporadique, finiront-elle un jour par donner raison au journaliste algérien et propulser son statut au standing de celui de plusieurs confrères étrangers ?