À l'ère de la mondialisation, le regard porté sur l'entreprise change. Le Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Cread) vient de réaliser, sous la direction du chercheur Mohamed Benguerna, un nouvel ouvrage, qui s'intéresse de plus près aux mutations ayant touché les entités économiques, particulièrement les “entreprises mondialisées”. Plus d'une dizaine de personnes, parmi les universitaires, les chercheurs (Cread, CNRS, IAE) et les experts en sociologie et en management, ont contribué à ce numéro (246 pages) intitulé : “Gestion des entreprises, nouvelles compétences sociales et défis interculturels. Regards internationaux croisés.” L'ouvrage du Cread comporte deux parties. La première est consacrée aux “Nouvelles compétences sociales et nouveaux enjeux de diversité dans les entreprises”. Quant à la seconde partie, elle traite des “transferts possibles des méthodes et outils de gestion face aux processus de modernisation”. Dans la présentation, il est signalé que le livre s'intéresse à l'acte d'entreprendre en Algérie et en France, deux pays situés des deux côtés de la Méditerranée. Un acte qui, aujourd'hui, aurait surtout besoin de “perspectives comparées” et de prise en compte des aspects humains, sociaux et culturels de l'entreprise. Il est, également, précisé que les auteurs de l'ouvrage ont choisi de s'attacher principalement à trois dimensions importantes : la difficile question de la restructuration des entreprises et des possibles transferts des outils de gestion, celle de l'immigration de la main-d'œuvre et de l'émergence des politiques dites de “gestion de la diversité”, et enfin celle de la formation des entrepreneurs comme acteurs centraux de la dynamisation des entreprises. Certains travaux se sont penchés, entre autres, sur “les malentendus culturels” du management. Dans ce cadre, il est enregistré une “inefficacité” de la transposition des méthodes d'organisation rationnelles “déclarées trop vite universelles”, ainsi que “l'absence de lecture des pratiques gestionnaires au miroir des différences culturelles locales et régionales”. Les contributions se rapportant aux “entreprises mondialisées” et aux firmes internationales, insistent sur le développement de l'approche “interculturelle”, qui date de la fin des années 1980. Pour les auteurs, le management interculturel “entre aujourd'hui dans son âge de raison”, sans toutefois échapper à “certaines manipulations idéologiques”. Pourtant, ils soulignent qu'à partir du début des années 1990, les firmes “mondialisées” ont connu des “flux de mobilité entre centre et périphérie, entre sièges (financiers, administratifs, de production…) qui ont tendance à devenir multidirectionnels”. Sur un autre plan, il est noté que les tenants de l'entreprise interculturelle prônent “l'intégration” et donc la reconnaissance du “droit à la différence”. Mais le danger est perceptible dès lors que l'entreprise est transformée en un lieu de rencontres des acteurs culturels, qui encouragent “l'acculturation de type colonialiste” et “l'exaspération” des différences.