Le Premier ministre du gouvernement provisoire tunisien, Béji Caïd Essebsi, a fait planer la doute sur la tenue des élections, le 24 juillet, d'une assemblée chargée d'élaborer une nouvelle Constitution pour l'après-Ben Ali, dans un discours télévisé à la nation. “Le gouvernement s'est engagé en choisissant la date du 24 juillet, et on tient à cette date, mais si le comité des réformes dit qu'il y a des empêchements techniques et logistiques, ce sera une autre probabilité à discuter”, a-t-il déclaré dans cette intervention dimanche soir. “Il est vrai qu'il y a une lenteur dans l'étude de ce dossier, mais la Haute commission chargée de préparer ces élections cruciales de juillet est autonome, et le gouvernement lui apporte seulement son soutien matériel et logistique”, a-t-il ajouté. Il a rappelé que l'action du gouvernement provisoire “cessera le jour de l'élection de l'Assemblée nationale constituante”. Ces déclarations interviennent dans un contexte où des partis politiques tunisiens demeurent divisés sur la date des élections. Ainsi, Maya Jéroboam, secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (PDP), a mis l'accent, lors d'un meeting samedi, “sur l'attachement de son parti à la date butoir fixée pour les élections de la Constituante”, mettant en garde contre les “appels réitérés en faveur du report de la date des élections”. Elle a mis l'accent sur “la nécessité d'aller de l'avant sur la voie du labeur et de l'abnégation, de reprendre confiance et de s'investir davantage pour couronner de succès ces élections”. Par ailleurs, le Mouvement de l'unité populaire (MUP) a réitéré son appel à un report des élections et à “opter pour un référendum sur le projet de Constitution qui sera élaboré par la commission des experts sous la supervision des partis et des composantes de la société civile”. Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda (renaissance), a de son côté réaffirmé que “son mouvement ne proposerait pas de candidat à la prochaine élection présidentielle et se préparait pour les élections d'une constituante”. La Haute commission chargée de préparer les élections du 24 juillet de l'assemblée constituante a déjà opté pour un scrutin de listes à la proportionnelle au plus fort reste et respectant la parité hommes-femmes. La candidature de toute personne qui a assumé des responsabilités dans le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir pendant 23 ans sous le règne du président déchu Zine El-Abidine ben Ali, a été exclue par les autorités.