La «relève» du secteur sanitaire s'organise ! Ils étaient ainsi près d'un millier de blouses blanches «en herbe» à observer, hier, un sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Des résidents en médecine, en pharmacie et en chirurgie dentaire, des étudiants en pharmacie et en chirurgie dentaire ainsi que des étudiants en médecine, externes et internes, ont tenu à rappeler au ministre ses engagements. Malgré des débuts timides durant lesquels la cohésion n'était pas vraiment au rendez-vous, les manifestants ont vite trouvé un «terrain d'entente». Des haut-parleurs scandaient des «Y'en a marre des promesses» tonitruants ou encore des «Résidents, pharmaciens, dentistes en colère» unificateurs, tandis qu'étaient accrochées sur le portail du ministère de larges banderoles où étaient consignées les différentes revendications des résidents et des étudiants. Ce rassemblement, qui a grandement perturbé la circulation automobile, a été aidé par l'absence – une fois n'est pas coutume – de dispositif sécuritaire. Tout juste deux fourgons de police et une poignée d'agents sillonnant la foule compacte. «Ce sont des populations gentilles», explique, amusé, l'un des responsables de la sécurité au sein du ministère. C'est donc dans une ambiance bon enfant que les différents visages de la santé de «demain» ont unifié, le temps d'un rassemblement, leurs forces et leurs revendications. D'autant plus qu'elles sont, pour la plupart, très proches. «Nos demandes se rejoignent et exigent plus de considération. Nous aspirons tous à l'amélioration du système sanitaire», assure Rachid Chouitem, porte-parole de la Coordination nationale des étudiants en pharmacie. «Nous nous soutenons tous mutuellement», ajoute Imène Djidjeli, déléguée des étudiants en 7e année de médecine (les internes). C'est que les revendications des résidents seront, dans quelques années, celles des externes. Auxquelles viennent évidemment se greffer leurs exigences propres. «La radicalisation en réponse au pourrissement» Mais ce qui unit surtout les manifestants, c'est leur déception quant à l'attitude adoptée par «leurs» tutelles. En dépit des nombreux engagements pris par ces différentes instances, tout particulièrement les recommandations faites à l'issue de la conférence nationale des doyens des facultés de médecine, aucune mesure concrète n'a suivi. «Nous n'avons reçu aucune assurance d'application ou échéancier», déplore Fayçal Oulebsir, porte-parole de la Coordination nationale des étudiants en chirurgie dentaire. «Nous sommes en grève depuis le 13 mars dernier. Le doyen nous a annoncé que si la reprise n'était pas effectuée lundi, l'année blanche serait inévitable», ajoute-t-il. Ce qui ne semble pas effrayer le moins du monde les étudiants : «Ce sont les responsables qui ont le plus à perdre si effectivement cette extrémité se profilait.» Les résidents non plus ne craignent pas la radicalisation de leur mouvement, qui semble être l'unique réponse au «pourrissement auquel les autorités poussent», accuse le docteur Toufik Yelles, délégué du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «Nous sommes en grève depuis près de 2 mois. Les commissions annoncées et installées en fanfare n'ont, comme appréhendé, rien donné de concret. Ce n'était qu'une manœuvre dilatoire», poursuit le résident. «Nous continuerons notre contestation, et ce, coûte que coûte», assure-t-il, un énième sit-in doit avoir lieu aujourd'hui devant la présidence de la République.