Ils étaient des centaines en blouse blanche. Les médecins étaient regroupés devant la présidence de la République. Les blouses blanches, qui sont en grève depuis exactement un mois, ont durci le ton. Après l'échec des négociations avec les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, ils ont décidé de se diriger vers le siège de l'autorité suprême du pays, la Présidence. Des centaines de contestataires étaient entassés sur les trottoirs près du Palais d'El Mouradia. Ils sont venus, des quatre coins du pays, tous animés de la même volonté, celle de trouver une fois pour toutes une issue favorable à cette crise qui ne fait que se compliquer. Une journée spéciale pour les docteurs, mais une journée ordinaire pour les policiers qui assurent la sécurité. A 10h, les étudiants en chirurgie dentaire ouvrent le bal. Ils sont 1500 environ, en blouse blanche et gants en latex à se rassembler et déployer leurs banderoles. «Tous en colère. Ne touchez pas à notre honneur. On veut être docteur», crient-ils. Ou encore «Dentistes abattus, révisez le statut». Des slogans qui en disent long sur la détresse de ces étudiants, qui, contrairement aux résidents, n'ont pas eu la chance d'être reçus par le ministre Ould Abbès. Pas de commission qui s'occupe de leurs problèmes. Les futurs chirurgiens- dentistes ont déposé hier une plate-forme de revendications au niveau de la Présidence. «Les représentants du Président nous ont très bien reçus. On leur a remis notre plate-forme, qu'ils ont promis d'étudier et d'essayer de trouver une sortie de crise», révèle leur délégué national, Fayçal Oulebsir. Pour lui c'est déjà un pas en avant puisque «au moins la Présidence a en main nos revendications. En plus, le ministre nous a enfin fixé un rendez-vous pour le 17 et le 18 de ce mois». A 12h, les internes et les résidents arrivent, les dentistes se retirent. Un tsunami blanc d'internes envahit, à la mi-journée, les artères menant à la Présidence. Dès lors, El Mouradia devient une banquise où les jeunes résidents font face à la police. Les slogans: «Ma ranach rayhine, ma ranache rayhine, barakat!» Ils ont absolument voulu faire comprendre que l'essentiel de leurs revendications concerne le service civil. «Ulach service civil». Les résidents ont également fait comprendre à Ould Abbès qu'il n'était désormais plus leur interlocuteur. «Ya Abbas, la solution est chez le Président». Les résidents ont quitté officiellement la table des négociations. «M. le Président, sauvez les résidents», ne cessaient-ils de répéter. Les chirurgiens-dentistes ont demandé des bus au service de sécurité pour les évacuer à midi. Ce qui a été fait dans le calme le plus total. Les résidents reprochent aux dentistes de parasiter leur sit-in. Une information non confirmée selon laquelle le ministre de la Santé a été reçu par le président de la République. Le case du service civil serait-il abordé?