“Nous demandons instamment au Premier ministre et au ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques de dissoudre l'ensemble des chambres de la pêche à l'échelle du territoire national pour leur incompétence et leur occultation de la réalité du secteur qui traverse une mauvaise passe. Nous ne pouvons plus nous taire sur le rôle de caisse de résonance joué par ces chambres sur les chiffres erronées qu'elles communiquent au ministère de tutelle” Cet appel saisissant a été lancé, samedi à Oran par le président de la Fédération nationale des marins pêcheurs (FNMP) lors d'une rencontre régionale qui a regroupé les armateurs et les marins-pêcheurs au sein du siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Le représentant local de l'UGCAA n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. “J'attire l'attention des autorités sur l'illégalité de la Chambre de la pêche à Oran qui se compose d'associations fictives sans agrément. Nous exigeons l'arrêt immédiat de cette chambre Taïwan.” Cette déclaration en dit long sur les difficultés d'une profession, vécues quotidiennement par les 52 000 marins pêcheurs algériens qui mettra en cause la mafia du poisson qui sévit dans tous les 31 ports de pêche du pays. “Les mafiosi de la pêche contrôlent à présent le circuit de vente du poisson dont ils fixent les prix”, a affirmé le responsable de la FNMP. Il soulignera le caractère mercantiliste et illégal de ces transactions commerciales qui se font “au vu et au su de tout le monde.” L'absence criante des documents et autres registres du commerce ne semblent pas gêner outre mesure “la mafia du poisson”. Bellout Hocine énumère le chapelet des griefs liés intrinsèquement à la flambée du prix du poisson. La pollution, le non-respect du repos biologique, la pêche en zones interdites, la pêche à la dynamite, le non-respect de la taille marchande et la pêche interdite sont évoqués par le président de la FNMP. Il indiquera à cet effet le non-respect de la Convention de Barcelone dont l'Algérie est signataire. Il illustrera son propos en affirmant que la pratique de la pêche à l'aide de filets invisibles non conformes aux normes internationales met en danger la biomasse marine. “Nous déplorons la perte de 30 à 40 marsouins et dauphins par mois alors que sur les 194 espèces de poissons recensées en Algérie 11 sont menacées d'extinction.” L'utilisation des moyens de pêche non conformes est pointée du doigt. “Le recours à la dynamite et aux filets hors normes ont des répercussions graves sur la biomasse, les fruits de mer et les algues qui ne se régénèrent pas pendant 50 ans”, accuse Bellout Hocine. L'inexploitation des algues cosmétiques dont 600 espèces sont recensés ajoute à la colère et aux inquiétudes du responsable de la FNMP. “Avec un surplus de 4 200 bateaux de pêche et 1284 km de côtes, nous continuons à payer chèrement notre poisson”, déplore-t-il. La destination réelle des aides promises aux marins pêcheurs dans le cadre de la relance économique est mise en évidence par Bellout Hocine. Il précisera que seulement 5% des marins pêcheurs ont pu accéder à ce programme.