Le dernier rapport établi par la commission chargée de la culture, histoire et patrimoine, désignée par l'Assemblée populaire de la wilaya de Batna, ne laisse planer aucun doute quant à l'état déplorable du patrimoine à travers la wilaya. Si dans les Aurès d'une manière générale et dans la wilaya de Batna en particulier, le nombre de vestiges, sites archéologiques et autres patrimoines aussi bien matériels qu'immatériels, est considéré et répertorié parmi les plus importants par leur valeurs historiques, la prise en charge, la protection, la mise en valeur par les services concernés, se font remarquer par l'absence sur le terrain, se contentant de certaines pratiques administratives, loin de toute réalité et réalisme. Lors d'une rencontre avec un des membres de cette commission, qui avait participé aussi bien à l'inspection qu'à la rédaction du rapport, Tahar Hlisse (journaliste) qualifie l'état des lieux d'inquiétant. “Il n'y a pas moins de 19 monuments et sites, dont certains sont classés patrimoines universels à l'exemple de la ville de Timgad ou les balcons de Ghouffi. Cependant, ce qui est répertorié et non classé, dépasse la centaine et de différents âges et époques. Le classement ne signifie pas hélas la prise en charge et la protection. Si certains sites bénéficient d'une protection relative à l'exemple de la ville de Timgad, ce n'est pas le cas pour d'autres monuments et l'exemple le plus édifiant et même frappant reste celui du tombeau berbère Imedghassen”. Et d'ajouter “qu'une grande opération de sauvetage et de protection avait été engagée. Malheureusement les travaux furent suspendus, car il s'est avéré que le bureau chargé de l'étude de la réparation et de la restauration n'était pas qualifié. Le monument est peut-être plus endommagé maintenant qu'avant le lancement des travaux. Un autre site et pas des moindres, les balcons de Ghouffi, qui constituent le point d'orgue du circuit Aurès, mondialement connus, ne sont pas mieux lotis. Un circuit naturel qui sillonnait le vieux village fut bétonné à la hâte et nous sommes dans un non-sens : ouvrir le sentier aux visiteurs dans un site sans protection, c'est comme les inviter à sa démolition, aller voir les jours d'excursions scolaires, une dégradation à vue d'œil”, déclare-t-il. Toutefois, ce n'est pas le cas pour une grande partie de ce patrimoine en souffrance, et à titre d'exemple : la grotte de Gher U chtoh marquée par des dessins rupestres, le grenier de Balloul de plus de 11 étages, le fort de T'kut, le site byzantin de Chemora, l'arbre séculaire Aïwal qui risque de disparaître, et qui pourtant fait partie du patrimoine matériel. Les recommandations de la commission de la culture et du patrimoine de l'Assemblée populaire de wilaya préconise que le travail technique prime sur l'administratif, après avoir constaté les dégâts causés ça et là, en l'absence de spécialistes, le rapport invoque la ferme Lucas (lieu d'emprisonnement et de tortures durant la guerre de Libération), qui au lieu d'être restaurée a été décorée, or la différence est énorme. Cependant quelques améliorations à l'exemple du théâtre antique de Timgad, qui respire depuis le départ du festival vers d'autres lieux mieux appropriés, ou encore le dossier restauration du tombeau amazigh Imedghassen, qui a été repris par sa tutelle d'origine à savoir la Culture, si toutefois ce monument n'a pas perdu son authenticité et n'est pas dans l'irréversibilité, ce qui serait très grave. Pour le reste ce ne sont pas des journées d'études sur le tourisme à huis clos, ou des dépliants confondant le tombeau de Tipaza et celui de Batna, ou bien l'arrivée d'un bus à moitié vide, sous escorte où le nombre de gendarmes dépassent celui des touristes qui va relancer le secteur en souffrance. Plutôt la présence, le réalisme et une stratégie, pour le moment inexistants.