Les griefs retenus par les entreprises contre le système bancaire portent sur les dysfonctionnements, les lourdeurs, les excès des banques et leur impact dépressif sur l'activité réelle. Dans le contexte actuel de l'économie algérienne marqué par une croissance molle et un taux de chômage toujours trop élevé, notamment chez les jeunes, l'avenir dépend, en grande partie, des PME-PMI et le développement de celles-ci de la possibilité pour elles d'accéder à un financement efficace de leurs activités d'exploitation et d'investissement. Les débats sur la problématique de la relation banques-entreprises et donc de l'interaction de la sphère financière et de la sphère réelle ont toujours été passionnants. Le panel sur les stratégies de développement pour la PME organisé hier, lors de la deuxième journée du Symposium international du MDI-Business School, n'a pas échappé à cette règle. Brahim Benabdeslem a planté le décor, dans son introduction, en relevant l'absence “d'accompagnement de la part des banquiers au développement des PME /PMI”. Les réflexions, qui émanent du secteur bancaire, indiquent qu'il n'est pas juste de considérer que les difficultés de la sphère réelle ne sont que le produit d'une inadaptation du système bancaire dont il suffirait d'améliorer la réglementation et l'organisation. Le président-directeur général du Crédit Populaire d'Algérie indique que la banque qu'il dirige fait environ 814 milliards de dinars de total bilan, des fonds propres de plus de 80 milliards de dinars, une rentabilité de 17%. “Ces chiffres, de 2010 traduisent l'existence d'une capacité de financement de l'économie”, a-t-il expliqué, ajoutant que durant la même année, les crédits à l'économie ont évolué de plus de 24%. “C'est à la limite de la surchauffe”, a-t-il estimé. “Il faut que tous les acteurs fassent les avancées nécessaires”, a-t-il suggéré, reconnaissant les insuffisances des banques, des insuffisances qui relèvent beaucoup de l'opérationnel, liées au délai de traitement, à l'accompagnement et à l'assistance. Pour le P-DG du CPA, il est du devoir des entreprises de faire l'effort nécessaire vers une meilleure maturation des projets, un bon accompagnement par des professionnels dans le montage des dossiers, une plus grande transparence. Dans le même sens, le délégué général de l'Abef, M. Benkhalfa, indique que la problématique de la garantie, généralement jugée excessive par les chefs d'entreprise, “est en train de se déflater”. Pour M. Benkhalfa, si la relation banque-entreprise a bien évolué “quantitativement”, elle ne l'est pas “qualitativement”. “La qualité des affaires n'a pas bien évolué”, a-t-il constaté, appelant à recentrer les débats sur l'entreprise, sur la responsabilité de l'entrepreneur. Le délégué général de l'Abef note, par ailleurs, que le tissu d'entreprise “évolue d'une façon pas très bonne”. “La proportion des petites et moyennes entreprises florissantes par rapport aux nouvelles Pme créées est faible”, a-t-il précisé, suggérant, là aussi, la nécessité de mesurer l'effet levier du soutien de l'Etat. La plupart des griefs nourris par les entreprises envers le système bancaire portent sur les dysfonctionnements, les lourdeurs et les excès des banques et leur impact dépressif sur l'activité réelle : garanties excessives, délais de traitement des dossiers de crédit trop longs. Le paradoxe pour le chef d'entreprise est que le marché algérien est extrêmement demandeur avec beaucoup de besoins exprimés à satisfaire, les dossiers déposés à l'Andi sont nombreux, attestant de la capacité d'investissement des opérateurs économiques et l'argent est disponible. Ce qui est reproché aux banques, c'est d'avoir perdu une bonne partie de leur substance. Cela se traduit par un temps de maturation des projets “trop long”. En outre, le financement bancaire s'arrête à 70% du montant du projet, l'opérateur doit apporter les 30% restants. M. Hamiani relève avec regret, que l'apport, en termes de valeur ajoutée, des dispositifs de garantie mis en place, “est extrêmement faible”. Pourquoi cette aversion du risque ? s'interroge l'économiste Abdelmadjid Bouzidi. “Non”, répond le P-DG du CPA. Invoquant une nouvelle fois les chiffres, M. Djellab affirme que 86% des encours de crédit au CPA vont au financement de l'investissement et 72% des encours au secteur privé. Mais pour M. Bouzidi, le problème est au niveau de la politique budgétaire, qualifiant le dialogue banques-entreprises “de dialogue de sourds”. Abdelmadjid Bouzidi estime que l'Etat algérien ne sait pas réguler. Sur 17 instances de régulation, seul le Conseil de la monnaie et du crédit fonctionne. Pour M. Benkhalfa, la solution est dans l'amélioration du mode de gouvernance des banques, “notamment des grands réseaux”, des aspects judiciaires et enfin l'orthodoxie de la régulation et la rigueur du régime prudentiel.