L'accord de transition du pouvoir a encore échoué au Yémen, les monarchies du Golfe n'ayant pas réussi à convaincre le président Ali Abdallah Saleh de le signer. Après la signature du document par l'opposition en début de semaine, Saleh était censé apporter son paraphe le lendemain, mais il a une troisième fois refusé de signer ce texte qui prévoyait son départ d'ici un mois. Le président yéménite a même renforcé son refus en faisant évacuer de Sanaâ le médiateur du Golfe dans la crise yéménite et l'ambassadeur des Etats-Unis, après les avoir fait encercler par ses partisans. Washington a immédiatement réagi : “le Président yéménite contesté Ali Abdallah Saleh doit respecter son engagement à quitter le pouvoir, conformément au plan négocié par les pays de la région”, a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Ce plan, élaboré par le CGC (Conseil de coopération du Golfe), avec l'aide des Etats-Unis et de l'Union européenne, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard du Président, en échange de son immunité pour lui-même et pour ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours. “Les Etats Unis vont continuer à soutenir le peuple yéménite (...) qui travaille à l'émergence d'un Yémen uni, stable, démocratique et prospère”, devait pour sa part confirmer Obama lors de l'annonce de sa feuille de route pour les pays arabes devant le département d'Etat où il a réaffirmé solennellement le soutien actif des Etats unis au printemps arabe pour que les peuple de cette région puisse réaliser leurs aspirations démocratiques. La signature de ce document a déjà été maintes fois annoncée puis reportée, alors que le Yémen est secoué depuis janvier par une contestation populaire du régime de Saleh, accusé de népotisme et de corruption après trois décennies au pouvoir. La révolte a coûté la vie à 180 personnes. Pour toute explication, le Président contesté avait qualifié le plan de la CGC de “complot” et avait affirmé que son départ allait renforcer Al-Qaïda! Une vieille rengaine qu'avaient vainement chantée avant lui Ben Ali et Moubarak. Saleh va donc continuer à faire l'objet d'intenses pressions diplomatiques pour partir, notamment de la part de ses alliés américain et saoudien. Ryad, apparemment n'a pas dit son dernier mot. Les Saoudiens ont les clefs de la solution finale et s'ils ne les ont pas utilisées, c'est qu'ils ont encore besoin de Saleh. Quoiqu'il advienne, les jours de ce dernier sont vraiment comptés.