Après moult tergiversations, et après avoir refusé de parapher l'accord élaboré par les monarchies du Golfe, le chef d'Etat du Yémen Ali Abdallah Saleh a déclaré hier devant des milliers de partisans qu'il souhaitait la tenue d'une élection présidentielle anticipée afin de mettre un terme à la crise politique qui secoue le pays depuis près de quatre mois. «Nous appelons à une élection présidentielle anticipée organisée démocratiquement, afin d'éviter une effusion de sang», a dit le président yéménite. Des responsables de son parti et de l'opposition avaient annoncé, jeudi dernier, qu'un accord proposé par une médiation des pays du Golfe et prévoyant le départ de M. Saleh, serait paraphé demain. M. Saleh a ajouté que son peuple allait résister aux instigateurs d'un «coup d'Etat», en référence à ses détracteurs qui réclament depuis fin janvier dernier son départ après près de 33 ans au pouvoir.Cette intervention du président Saleh, croient savoir les observateurs de la scène yéménite, est une nouvelle manœuvre au moment où il subit des pressions croissantes de ses voisins du Golfe et des Etats-Unis pour qu'il honore son engagement de se démettre.Un plan de sortie de crise proposé par des monarchies du CCG prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard du président en échange de l'immunité pour le chef de l'Etat et ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours. Mais M. Saleh a refusé jusqu'ici de signer le document, pourtant formellement accepté par son régime et par l'opposition parlementaire, laquelle l'accuse d'invoquer à chaque fois de nouveaux prétextes pour s'accrocher au pouvoir. Alors que M. Saleh s'adressait hier à ses partisans, des centaines de milliers de protestataires étaient rassemblés sur l'une des grandes avenues de la capitale pour réclamer son départ immédiat. Un rassemblement similaire de protestataires était organisé à Taëz, deuxième plus grande ville du Yémen, pour appeler M. Saleh à partir. Dans un discours jeudi dernier sur la stratégie américaine au Moyen-Orient, le président américain Barack Obama a appelé le président du Yémen, un allié de Washington dans la guerre contre le terrorisme, à respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir. R. I.