Un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens ne sera certainement pas signé, tant que Benjamin Netanyahu sera Premier ministre de l'Etat hébreux, si l'on en juge du contenu de son discours devant l'AIPAC et le Congrès US qui ne laisse aucune place à des concessions dans le processus de paix. Le discours de Benjamin Netanyahu isole de plus en plus Israël sur la scène internationale et fait même réagir une majorité d'Israéliens, qui estiment que leur Premier ministre aurait dû dire “oui” avec des réserves aux propositions du président américain Barack Obama sur les négociations avec les Palestiniens. C'est ce que révèlent les résultats d'un sondage publié hier, et dans lequel 46,8% des personnes interrogées estiment que le Premier ministre aurait dû soutenir les propositions d'Obama tandis que 36,7% soutiennent qu'il devait les repousser. C'est également l'avis de la presse israélienne, qui estime qu'il n'y a “plus aucune chance” de relance du processus de paix d'ici septembre, quand les Palestiniens réclameront la reconnaissance de leur Etat à l'ONU. Yediot Aharonot, le plus vendu des quotidiens israéliens, affirme que “si les négociations avaient une petite chance de reprendre avant la visite (de Netanyahu à Washington), elles n'ont désormais plus aucune chance d'être relancées”. Sur un ton virulent vis-à-vis des membres du Congrès qui ont applaudi Netanyahu, Yediot Aharonot accuse qu'ils “ne seront pas là lorsqu'Israël aura des problèmes... Ce n'est pas eux qui iront chercher des abris à Ashkelon et Beersheva (villes du sud d'Israël) quand les tirs de roquettes reprendront. Ce n'est pas eux qui auront peur de monter dans un autobus de crainte d'un attentat suicide. Ce n'est pas eux qui enverront leurs enfants (faire la guerre) au Liban, en Syrie ou dans les ruelles de Naplouse”. De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé hier que sans négociations de paix, il demanderait à l'ONU en septembre prochain de reconnaître un Etat palestinien, au lendemain du discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. “Notre choix fondamental, ce sont les négociations, mais s'il n'y a pas de progrès sur les négociations d'ici septembre, nous nous tournerons vers les Nations unies”, a prévenu M. Abbas à l'ouverture d'une réunion du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en dénonçant le discours prononcé la veille par Netanyahu devant le Congrès américain, le jugeant “beaucoup éloigné du processus de paix” et contenant “de nombreuses erreurs et falsifications”. En effet, Netanyahu, acclamé par le Congrès américain, a prononcé mardi un discours sans concessions pour le processus de paix, même s'il a promis que son pays saurait se montrer “généreux” pour les frontières d'un futur Etat palestinien. Il a notamment réitéré que son pays n'accepterait pas de revenir aux lignes de 1967, ce qui supposerait un retrait total de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, en estimant que ces lignes étaient “indéfendables”. Il répondait au président Obama, qui avait en revanche estimé la semaine dernière que ces lignes d'armistice devraient servir de base, en tenant compte des évolutions depuis 1967, pour la négociation avec les Palestiniens. À signaler enfin que les Etats-Unis ont exhorté de nouveau Israéliens et Palestiniens à reprendre les négociations directes, suspendues depuis un an, rappelant le soutien du président Barack Obama à la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. “Les Etats-Unis exhortent les parties à revenir à la table des négociations”, a lancé mardi le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, lors d'un point de presse.